Il est devenu un personnage médiatique. Depuis plusieurs années et encore plus depuis le début de la guerre en Ukraine et la flambée des prix des carburants qui a suivi, Laurent Baltazar a très régulièrement fait l’objet d’articles et d’interviews présentant « son invention » : « Éco l’eau », un kit d’injection d’eau dans le moteur qui permettrait de réaliser 20 % d’économies de carburant. Ses performances font débat, selon notre enquête à lire ici : d’un côté, des utilisateurs qui affirment voir leur consommation réellement baisser, et de l’autre, des conducteurs beaucoup moins satisfaits, et l’Ademe et le ministère de la Transition écologique qui jugent que ce type de système n’a pas fait la preuve de son efficacité.
Dix ans d’interdiction de gérer une société
L’entrepreneur installé dans le Nord-Finistère, dont un showroom est bien visible en bord de RN12, près de Morlaix (29), revendique avoir commercialisé plus de 20 000 kits, dont le coût, avec l’installation sur une voiture, est de 1 090 euros. Il est aujourd’hui rattrapé par des problèmes judiciaires, en particulier liés à la gestion des différentes sociétés qu’il a créées au fil des ans. En septembre dernier, le tribunal correctionnel de Brest l’avait ainsi condamné à deux ans d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire et dix ans d’interdiction de gérer une société, pour banqueroute, travail dissimulé et abus de biens sociaux. Une peine complémentaire de confiscation de la maison de la gérante d’une de ses entreprises - sa compagne - avait aussi été prononcée. Laurent Baltazar avait décidé de limiter son appel à cette dernière peine. Ce mercredi, la cour d’appel de Rennes l’a confirmée, y ajoutant cinq ans d’exclusion des marchés publics. « Il est indispensable de faire en sorte que le prévenu soit tenu à l’écart de toute possibilité de gérer ou contrôler une personne morale, d’exercer une profession commerciale ou industrielle au regard de son manque de probité avéré », a estimé la cour d’appel.
Les faits reprochés se sont établis de juillet 2012 à septembre 2020 et concernent la gestion de deux sociétés qui ont connu des procédures de liquidation judiciaire, la première en Haute-Saône, « Laurent Baltazar Moteur Eau » (LBME) ; la seconde, « B et G Meautor », à Huelgoat (29), dont sa compagne apparaît comme dirigeante. Celle-ci a été créée en 2016.
Un préjudice estimé à près de 250 000 €
L’entrepreneur a été condamné notamment parce qu’il ne déclarait pas tout ou partie de son chiffre d’affaires à l’Urssaf et au fisc, pour avoir déposé ou transféré sur ses comptes bancaires personnels des fonds de la société, et pour s’être abstenu de tenir une comptabilité. Le montant du préjudice lié aux infractions commises s’élève a minima à 246 540 €, ont évalué les enquêteurs. Sa compagne considérée comme « une femme de paille » de sa deuxième société, avait signé avec lui, une rupture conventionnelle en novembre 2017, ouvrant des droits à Pôle Emploi. Sauf que Laurent Baltazar avait continué à travailler pour la société et a perçu une allocation de retour à l’emploi pour un montant d’au moins 33 719 €.
Pour sa défense, l’entrepreneur a justifié l’absence de comptabilité et de déclarations fiscales et sociales pour la société LBME par « quatre vols successifs d’ordinateurs ». Pour l’entreprise B et G Meautor, il a assuré avoir arrêté de fournir les documents nécessaires à la réalisation des travaux de son expert-comptable, par le fait que celui-ci « avait perdu son père et que les liens avec le cabinet avaient été interrompus à partir de ce moment ».
Laurent Baltazar comptait déjà trois condamnations à son casier judiciaire pour des émissions de chèques en violation d’une injonction bancaire, pour escroquerie et circulation sans assurance. Selon nos informations, une enquête est actuellement menée par la gendarmerie pour d’autres faits.
Contactée, la nouvelle société de Laurent Baltazar, qui compte cinq salariés, nous a précisé qu’il n’était « pas joignable » car parti au Sri Lanka « pour au moins six mois, afin de s’y développer sur le marché local ».