Les affaires d'Engie ne s'arrangent pas en Belgique. L'énergéticien a annoncé ce matin que sa filiale Electrabel enregistrera un manque à gagner de 250 millions d'euros sur ses résultats 2018, à cause des nouvelles révisions programmées sur les réacteurs Tihange 2 et Doel 4 et de la prolongation de l'arrêt du réacteur Tihange 3. En cumulé, cela représente environ sept mois de non-exploitation. Tihange 3, en arrêt depuis le 31 mars, aurait dû revenir en ligne le 1er juillet. Mais la dégradation du béton de l'un des bâtiments du site nécessite de nouvelles maintenances, qui décaleront le redémarrage au 30 septembre.

Trois ans de pertes

Quand Engie (qui s'appelait encore Suez) a pris le contrôle d'Electrabel en 1998, le groupe ne s'attendait sans doute pas à l'accumulation de déboires dont a été victime le Belge dans son activité nucléaire. Ces dernières années, les réacteurs du groupe ont multiplié les arrêts de maintenance à rallonge. En conséquence, Electrabel affiche trois exercices consécutifs de pertes d'exploitation : -111,6 millions d'euros en 2015, puis -923 millions d'euros en 2016 et -857 millions d'euros l'année dernière. La disponibilité du parc a cependant atteint 80% en 2017 (non loin de la moyenne récente du parc français, 82 à 83%). 

Engie a entamé une réflexion sur l'avenir de sa filiale. Dans un communiqué diffusé le 18 mai en réponse à des rumeurs de forte réduction de périmètre, le groupe a confirmé qu'il "analyse un certain nombre d’options pour ses activités en Belgique en vue de renforcer l’ancrage territorial de celles-ci". Une annonce sibylline qui ne donne pas beaucoup de grain à moudre, hormis lorsqu'elle est complétée par la mention d'un recentrage "sur un périmètre dont la Belgique serait le centre de gravité". Si l'on lit entre les lignes, les jours des actifs internationaux de la division sont comptés. De l'autre côté de la frontière, on fustige une maison-mère qui encaisse les dividendes mais qui est accusée de délaisser sa filiale. Mais au fait, de quoi Electrabel est-il le nom ?

Sept réacteurs nucléaires

Electrabel, qui fournit 46% de l'électricité belge, compte 4 300 salariés pour une capacité de production de 9 667 MW (chiffres à fin 2017). La génération se compose à 62% de sept réacteurs nucléaires à eau pressurisée répartis entre Doel et Tihange. A Doel, deux réacteurs de 433 MW ont été mis en service en 1975 et deux autres d'un peu plus de 1.000 MW en 1982 et 1985. Leurs dates de fermeture théorique s'étalent du 1er octobre 2022 au 1er décembre 2025. A Tihange, trois réacteurs de 962 MW (Tihange 1), 1 008 MW (Tihange 2) et 1 038 MW (Tihange 3) ont été mis respectivement en service en 1975, 1983 et 1985. Leur durée de vie théorique trouvera son échéance entre le 1er juin 2023 et le 1er octobre 2025. Aucun réacteur n'a plus été construit depuis 1985.

Electrabel opère aussi 619 MW (6,4% du total) d'énergies renouvelables et dispose de participations dans les actifs internationaux du groupe, issus du rachat d'International Power. Au 31 décembre dernier, la valeur nette comptable ressortait à 32,75 milliards d'euros. International Power représente les deux-tiers de la valeur nette comptable globale des participations liées dans les comptes.