Nucléaire : La série noire se poursuit pour EDF, nouveau retard sur l’EPR en Angleterre

Crédit/Nick Chipchase

Le 19 mai EDF a annoncé que son EPR d’Hinkley Point en Angleterre serait livré avec un an de retard supplémentaire. Ce retard va coûter près de 3,5 milliards au fournisseur d’électricité et s’ajoute à la série noire vécue par le groupe depuis un an.

L’ancien directeur financier D’EDF a démissionné pour s’opposer à ce projet

C’est encore une mauvaise nouvelle pour EDF qui vit vraiment une année noire. A nouveau le nucléaire pose problème. Cette fois le problème se situe sur un EPR (une nouvelle génération de réacteurs plus performants et plus sûrs pour l’avenir) en construction en Angleterre. Plus qu’une mauvaise nouvelle, c’est un cauchemar. Le 19 mai à 23h15, EDF annonce, quasiment en pleine nuit, comme si cela allait passer inaperçu, un nouveau retard et évidemment, car cela va ensemble, un nouveau surcoût sur ses EPR anglais. Il s’agit du chantier d’Hinkley Point, dans le Somerset au sud-ouest de l’Angleterre. La facture est salée, un an de travaux supplémentaire et 3,5 milliards d’euros de plus. La mise en service était prévue à la fin de l’année 2025. L’an dernier EDF avait déjà annoncé un retard en prédisant que les travaux se finiront plutôt en juin 2026. Aujourd’hui la date est annoncée à juin 2027. Quant au budget total, au départ cela devait coûter environ 21 milliards d’euros, aujourd’hui on atteint presque les 31 milliards d’euros.

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La pandémie semble la seule explication aux yeux des dirigeants d’EDF. Selon le groupe : « les personnes, les ressources et la chaîne d’approvisionnement ont été mises à rude épreuve et leur efficacité a été limitée ». Heureusement que tous les chantiers de la planète n’ont pas pris un an de retard à cause de la pandémie. Le communiqué précise aussi que « le volume d’études et de travaux de génie civil, et le coût de ces travaux ont augmenté ». Thomas Piquemal, directeur financier d’EDF au moment de la finalisation de ce contrat d’Hinkley Point doit, ce matin du 20 mai, trépigner sur le thème : « je vous l’avais bien dit ! ». En effet, il avait démissionné, pour marquer son refus d’un projet qui lui paraissait intenable. Ce genre de geste est rare dans le monde feutré des très grandes entreprises. On peut donc dire qu’il avait raison.

 

12 réacteurs français sont à l’arrêt à cause de problèmes de corrosion

De plus cette annonce arrive 24 heures après une autre catastrophe annoncée sur le plan financier. Trois fois rien, on parle de 18 milliards d’euros. C’est même 18,5 milliards, mais on n’est plus à 500 millions d’euros près. Il y avait déjà le manque à gagner colossal imposé par le gouvernement. Celui-ci avait tordu le bras d’EDF pour qu’il vende à bas prix d’importants volumes d’électricité à ses concurrents. Le groupe a estimé que cela lui coûtait 10 milliards d’euros. Le nouveau problème vient de la corrosion détectée sur des installations nucléaires françaises et qui conduit à mettre à l’arrêt 12 réacteurs.

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C’est cela qui va coûter 18,5 milliards d’euros. Il faut comprendre que non seulement EDF ne peut pas produire autant qu’il voudrait, mais qu’en plus il a déjà vendu fin 2021, toute l’électricité qu’il était censée produire en 2022 ! Résultat, pour compenser la différence de production, il doit racheter sur les marchés, de l’électricité dont le prix a encore augmenté, entre-temps. C’est donc une série cauchemardesque, vécue par EDF depuis un an. Entre le coûteux blocage des prix par le gouvernement, les problèmes de corrosion sur une bonne partie du parc nucléaire français, en passant par les incidents sur l’EPR chinois de Taishan et les reports quasi mensuels de l’ouverture des EPR d’Olkiluoto en Finlande et de Flamanville dans la Manche, le fournisseur d’électricité français n’a pas fini de faire des cauchemars.

François Geffrier 

Ecoutez François Geffrier (à partir de 1’30) :

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