LE SEXE SELON MAÏA
La bonne nouvelle de la rentrée sera donc la simplification des savoirs, par une démarche scientifique des plus directes : laisser tomber les capteurs et courbes d’excitation pour poser la question aux principales intéressées – « qu’est-ce qui vous donne du plaisir ? » Mille femmes ont répondu, de tout âge, anonymement (sans craindre donc les regards potentiellement désapprobateurs des sondeurs). L’étude a été publiée dans le Journal of Sex & Marital Therapy. Le plaisir féminin est mystérieux, on nous l’a bien expliqué. Trop de zones érogènes ! Trop de sentiments ! De fait, les différentes combinaisons du physiologique et du psychologique rendent les préférences individuelles si variables qu’on a longtemps jeté l’éponge devant toute théorie unificatrice concernant « ce que veulent les femmes ». A quoi s’ajoutaient d’autres freins : la pudeur a souvent empêché les scientifiques de faire leur travail, et même quand ils se sont attelés à la tâche, leurs propres préjugés ont pu leur faire rater le clitoris. Les femmes sont peut-être compliquées, d’accord… mais étudier le plaisir en laissant de côté l’organe du plaisir, c’était se mettre de sérieux bâtons dans l’éprouvette.
Du côté de la mécanique, c’est le clitoris qui rafle la mise. Moins d’une femme sur cinq atteint l’orgasme par la pénétration seule. Les femmes qui n’ont jamais d’orgasmes, ou rarement, sont deux fois plus nombreuses chez les adeptes du pur rapport vaginal – autant de « frigides » qui seraient sans doute moins réfrigérées en diversifiant leurs pratiques. Pour les trois quarts des femmes interrogées, toucher le clitoris est soit une condition absolue de la jouissance, soit la condition d’une meilleure jouissance (tous les orgasmes ne se valent pas). La toute-puissance du pénis en prend pour son grade, certes, mais il ne s’agit pas de jeter la pénétration par la fenêtre. Plus les zones érogènes stimulées sont nombreuses, mieux ça marche : il faudrait au contraire repenser un rapport au corps moins artificiellement fragmenté, en sortant du discours « tout vaginal » ou « tout clitoridien » (une distinction qui n’a de toute manière aucun sens, puisque les pieds du clitoris enserrent le vagin).
Routine ou surprise
Le clitoris, donc. Mais comment ? Les opinions sont ici moins tranchées : désolée, Messieurs, il n’existe toujours pas de recette magique applicable à toutes les femmes (soyons raisonnables, vous n’allez de toute façon pas coucher avec TOUTES les femmes). Les deux tiers des sondées aiment être caressées directement sur la partie émergée du clitoris, et 45 % à proximité immédiate (à peine 5 % préfèrent que vous évitiez le bouton). Les mouvements préférés sont le frottement de haut en bas (64 % des femmes), circulaires (51 %), de gauche à droite (30 %), mais certaines femmes aiment être tapotées, pressées, tirées, caressées en diagonales, en pulsations ou en larges ovales.
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