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« La décision française d’abandonner le réacteur nucléaire Astrid est critiquable »

Si l’atome a peu de chances de s’avérer déterminant, à l’avenir, dans la lutte contre le réchauffement, son développement n’a pas eu que des inconvénients, explique, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

Publié le 14 septembre 2019 à 12h21, modifié le 15 septembre 2019 à 07h01 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. De passage à Paris en novembre 2013, le biologiste, géographe et essayiste Jared Diamond glissait au Monde, au détour d’une conversation sur la durabilité de la civilisation thermo-industrielle, cette évidence : « Vous autres, en France, devez être tellement fiers de votre programme électronucléaire ! » Il fallut déployer une certaine énergie pour convaincre l’auteur d’Effondrement (Gallimard, 2006) qu’en réalité le programme électronucléaire français n’était pas une source consensuelle de fierté nationale, mais plutôt un abcès de fixation et, en somme, la mère de toutes les discordes tricolores sur la question environnementale.

A chaque grande décision politique sur l’avenir énergétique de la France, chaque camp célèbre sa victoire ou, au contraire, écrase ses larmes. Ces jours-ci, ce sont les tenants de l’énergie nucléaire qui se lamentent. Fin août, Le Monde a révélé que le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) abandonnait en catimini le projet de réacteur expérimental de quatrième génération Astrid, mettant ainsi un point final à la recherche sur le développement de réacteurs à neutrons rapides.

Après Rapsodie (fermé en 1983), Superphénix (fermé en 1997) et Phénix (fermé en 2010), ses trois prédécesseurs, Astrid incarnait un rêve de physicien et d’énergéticien, celui de la « fermeture du cycle du combustible ». Les réacteurs à neutrons rapides – ou surgénérateurs – sont non seulement capables de « brûler » l’uranium non fissile (qui représente la plus grande part de l’uranium naturel) mais aussi une part des déchets produits par les réacteurs nucléaires actuellement en service.

Se passer de l’étape d’enrichissement de l’uranium et augmenter d’un facteur 100 la quantité de combustible utilisable pour la production énergétique, tout en gérant le problème majeur lié à l’énergie nucléaire, celui des déchets : on comprend pourquoi le développement des réacteurs à neutrons rapides est une sorte d’horizon pour toute la filière.

Solution irréaliste

Il nourrit aussi les rêves de certains climatologues, qui y voient la panacée contre le réchauffement. En décembre 2015, quatre chercheurs de renom, James Hansen (NASA), Ken Caldeira (Carnegie Institution), Tom Wigley (université d’Adélaïde) et Kerry Emanuel (Massachusetts Institute of Technology), avaient ainsi tenu une conférence de presse en marge de la COP21, plaidant pour le déploiement, à marche forcée, de cette technologie. « En tenant compte du développement des pays les plus pauvres ainsi que de l’augmentation de la demande due à la démographie », expliquaient-ils, il faudrait construire « 115 réacteurs par an d’ici à 2050 pour décarboner entièrement la production mondiale d’électricité ».

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