Thales Alenia Space gagne un ticket pour la future station spatiale lunaire
Capitalisant sur le savoir-faire acquis dans la réalisation de systèmes pressurisés pour la Station spatiale internationale (ISS), l’industriel franco-italien Thales Alenia Space va fournir des modules d’habitat pour l'équipage, de communication et de ravitaillement pour son équivalent lunaire.
Thales Alenia Space (TAS) a décroché la Lune. A sa manière. La société commune entre Thales (67%) et le groupe italien Leornardo (33%) a décroché des contrats majeurs auprès de l’Agence spatiale européenne (ESA) visant à fournir des technologies clés pour la future station internationale habitée qui sera en orbite autour de la Lune, comme il l'a annoncé mercredi 14 octobre.
Baptisée Gateway, cette station est un élément majeur du programme Artemis de la NASA pour revenir sur la Lune d’ici 2024. Contrairement à l’ISS, elle ne sera habitée que par intermittence par des équipages de quatre astronautes durant des périodes d’un à trois mois.
TAS fabriquera le module d’habitat international de la Gateway (I-HAB) ainsi que le module de télécommunications et de ravitaillement (ESPRIT) de la future station. Le montant associé à ces contributions s’élèvera au final à 622,5 millions d’euros, selon le communiqué diffusé par Thales Alenia Space. Ces équipements représentent la contribution européenne à la station spatiale lunaire.
Mars en ligne de mire
Au-delà du montant, cette sélection confirme le rôle de leader européen de Thales Alenia Space dans le domaine de l’exploration spatiale habitée. "Cette Gateaway marque un grand bond dans le domaine de l’exploration, au-delà de l’orbite basse. L’industrie spatiale se lance dans une démarche qui va nous emmener à la surface de la Lune et puis sur Mars. C’est le début d’un vaisseau spatial qui va être d’abord capable de supporter des missions lunaires, et le précurseur d’un véhicule qui peut emmener des hommes autour de Mars. Dans ce programme, Thales Alenia Space a une place essentielle", se réjouit Xavier Roser, responsable de ligne de produits Exploration, Science et Services en Orbite pour Thales Alenia Space France.
Piloter a distance les robots à la surface de la Lune
Pour remplir ce contrat, TAS pourra faire appel aux savoir-faire qu’il a développés en tant que contributeur technologique de premier rang à l’ISS. D’une part, Thales Alenia Space apportera son expertise en matière de télécommunications spatiales. "Le système permettra d’avoir une liaison haut débit pour pouvoir piloter depuis la station spatiale en temps réel des véhicules robotiques à la surface de la Lune, remonter des données scientifiques et avoir des échanges radio avec des équipages éventuellement à la surface de la Lune", détaille Xavier Roser. Ce premier système doit être livré en 2024.
D’autre part, l’industriel va fournir le module international d’habitat de la station incluant des capacités d’amarrage pour les véhicules de passage. Il aura la forme d’un cylindre de 3 m de diamètre sur 7 m de longueur entièrement pressurisé. Il accueillera les astronautes, leur matériel d’expérimentation et leurs équipements de maintien en condition physique.
Par rapport à la station spatiale internationale, les capacités d’autonomie du véhicule seront nettement améliorées. "Ce module aura une architecture de nouvelle génération en terme d’avionique et d’autonomie à bord. Il s’agit de préparer des modules qui pourront aller jusqu'à Mars et revenir avec beaucoup moins de support depuis la Terre. Ces modules doivent pouvoir tenir sans maintenance qu’elle soit humaine ou robotique pendant un an et plus", explique encore le spécialiste.
Des contributions françaises significatives
Enfin, TAS livrera un dispositif de ravitaillement de la station en carburant chimique et en xénon pour prolonger sa durée de vie. Ce carburant permettra également l’usage d’un atterrisseur lunaire réutilisable ou le transport vers l’espace lointain, notamment vers Mars.
Thales Alenia Space pourra s’appuyer sur un effectif d’environ 900 personnes impliquées dans les activités de vols habités et d’exploration dont les deux tiers à Turin en Italie. Les équipes turinoises seront les principales contributrices à ce nouveau programme.
La France ne sera pas en reste. Les équipes de Cannes et de Toulouse collaboreront significativement aux deux premiers modules (habitat et télécoms). "Sur le vol habité, c’est le plus gros contrat qu’on ait eu en France", se félicite Xavier Roser. Les livraisons des différents modules s’effectueront entre 2024 et 2026 au fur à et mesure de l’assemblage en orbite lunaire de la Gateway.