Par SudOuest.fr
  • Écouter
  • Réagir
  • Voir sur la carte
  • Partager
54 cas de troubles cardiaques, dont 4 mortels, chez des patients prenant de l'hydroxychloroquine ont été recensés par le centre régional de pharmacovigilance de Nice depuis le 27 mars. Cette accumulation de cas alimente un peu plus le débat sur ce médicament controversé.

Le traitement à l'hydroxychloroquine (Plaquenil) pour lutter contre le coronavirus est loin de faire l'unanimité au sein de la communauté scientifique. L'efficacité de ce médicament n'a toujours pas été prouvée et les cas de troubles cardiaques liés à la prise de ce traitement s'accumulent, comme le rapporte Le Monde .

Jeudi, le président Emmanuel Macron était en visite surprise à Marseille pour rencontrer le professeur Didier Raoul t, fervent défenseur de l'hydroxychloroquine. En attendant de nouveaux essais cliniques qui prouveront ou non l'efficacité de ce traitement, le gouvernement n'a pas décidé de la stratégie à adopter et se base pour l'instant sur les réserves émises par les scientifiques.

54 cas de troubles cardiaques

Mais depuis le 27 mars, les cas graves suite à la prise de ce traitement s'accumulent : 54 cas de troubles cardiaques, dont 4 mortels, ont été recensés en France par le centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Nice. Le 29 mars, l'Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine avait alerté sur des "cas de toxicité cardiaques" après la prise de ce médicament par automédication . "Attention, ce produit est susceptible d’entraîner des effets secondaires très graves, voire fatals" prévenait l'ARS Nouvelle-Aquitaine.

Le CRPV de Nice alerte lui aussi sur la prise d'hydroxychloroquine et indique que les cas de morts subites semblent être liés à la prise de ce traitement seul ou associé à l'azitrhomycine, utilisée notamment contre les infections des voies respiratoires. Dans le Nord, un homme de 43 ans a eu des troubles du rythme ventriculaire, appelés torsades de pointes, une tachycardie supérieure provoquant la syncope chez le patient, moins de 24 heures après avoir commencé un traitement au Plaquenil. "La responsabilité de l’hydroxychloroquine ne fait aucun doute (...) C’est une signature de la toxicité de cette molécule. Un choc électrique externe a permis de le sauver" explique au journal Le Monde, le professeur Milou-Daniel Drici, responsable du CRPV de Nice.

Effets secondaires d'habitude moins fréquents

Les effets indésirables cardiaques liés à la prescription de l’hydroxychloroquine pour soigner d'autres maladies ne sont d'habitudes pas aussi fréquents. "Sur la période 1975-avril 2020, soit quarante-cinq ans, 393 cas d’arythmies cardiaques tous azimuts, relatives à l’hydroxychloroquine ont été enregistrés au niveau mondial, dans la base de données Vigibase, et aucun cas de mort subite. En France, entre deux et trois cas sont déclarés par an avec l’hydroxychloroquine, et en moyenne un avec l’azithromycine" explique Milou-Daniel Drici.

D'autre part, tous les cas d'effets secondaires récents n'ont pas systématiquement été rapportés au CRPV de Nice et il est impossible de savoir combien de personnes ont reçu ce traitement en France. Le nombre de cas de troubles cardiaques liés à la prise d'hydroxychloroquine pourrait donc être supérieur aux 54 cas recensés par le centre de pharmacovigilence. L'agence nationale du médicament le rappelle : la prise de ce produit doit être réalisée dans un cadre strict à l'hôpital et elle est déconseillée en médecine de ville et en automédication.

A lire aussi
Infection bactérienne mortelle : pourquoi le Japon passe en alerte rouge
Tornade à Villeneuve-sur-Lot. « Elle m’est passée devant les pieds. J’ai cru que j’allais partir avec »

Sanofi promet de donner 100 millions de doses

Le laboratoire français Sanofi a annoncé vendredi faire don de 100 millions de doses d'hydroxychloroquine à une cinquantaine de pays pour traiter les malades atteints du Covid-19. L'hydroxychloroquine "fait partie des médicaments évalués par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans le cadre d'un essai clinique international visant à trouver une solution thérapeutique dans la lutte contre le Covid-19", a rappelé le groupe dans un communiqué.L'entreprise, qui affirme avoir reçu a reçu "un nombre croissant de demandes émanant de gouvernements du monde entier", a augmenté sa capacité de production de 50% et prévoit de la quadrupler d'ici l'été. Mais son efficacité ou la sécurité de son emploi n'ont pas encore été prouvées, les preuves cliniques actuelles étant "insuffisantes", a prévenu le laboratoire.Bien que le médicament suscite beaucoup d'espoir, "il convient de souligner que les résultats des études en cours ne sont pas encore disponibles et que ceux-ci peuvent être positifs mais aussi négatifs", a insisté le groupe. "Sanofi continuera de faire don du médicament aux gouvernements et aux hôpitaux si les études cliniques en cours sont concluantes", a-t-il ajouté.