Par SudOuest.fr
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Un chercheur américain affirme que la société Monsanto était au courant du caractère cancérigène de son herbicide phare, le Roundup, depuis 1981 et qu'elle en a caché le danger. Pour Monsanto, "aucune preuve n’existe sur le fait que le glyphosate cause le cancer"

De nouvelles révélations pourraient venir écorner l'image du géant Monsanto, déjà aux prises avec de nombreux scandales.

En mars dernier, l'OMS a établi que le glyphosate , composant principal du désherbant RoundUp, était possiblement cancérigène. Cette décision avait r apidement été contestée par Monsanto, qui estime que les preuves étaient "insuffisantes" .

Quelques mois plus tard, en juin, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé son intention d'interdire la vente du glyphosate en libre service. Là encore, Monsanto s'est indigné, se plaignant qu'aucune "raison légitime ne vienne justifier cette décision".

Pourtant, l'entreprise pourrait connaître depuis de nombreuses années du risque de cancer lié à son désherbant.

Anthony Samsel, un chercheur américain issu du prestigieux Massachussets Institute of Technology de Cambridge, affirme avoir trouvé la preuve que la société Monsanto connaissait depuis 1981 les risques cancérigènes du glyphosate et en aurait caché l'existence.

Quelles sont les éléments de preuve ?

Le chercheur se serait procuré l'ensemble des travaux scientifiques réalisés par Monsanto entre 1970 et 1983 pour faire homologuer le RoundUp au près des autorités sanitaires. Toutes les recherches ont été commandées par l'entreprise à des laboratoires indépendants.

Parmi les milliers de pages, une étude constate que l'exposition prolongée de rats au glyphosate provoque des cancers (adénomes et carcinomes) de l'hypophyse (une glande du cerveau) des seins des femelles et des testicules des mâles.

D'après Anthony Samsel, Monsanto n'aurait jamais publié ces résultats mais les aurait remplacé par d'autres , antérieurs et sans lien direct. Par ailleurs, ces recherches n'ont jamais été publiées dans quelque revue scientifique que ce soit, ni transmises à l'EPA (l'agence américaine de protection de l'environnement).

Dans les recherches initiales, le risque de cancer aurait été clairement établi chez des rats exposés au glyphosate pendant 26 mois. Or, l'entreprise n'aurait publié que les résultats obtenus sur des rats exposés au glyphosate seulement 3 mois.

Enfin, l'ensemble des travaux aurait été classé "secret de fabrication ", ce qui en garantissait la confidentialité.

Le glyphosate mis en cause à de nombreuses reprises

Anthony Samsel n'en est pas à ses premières recherches sur le glyphosate. Au mois de mars, avec sa consoeur Stephanie Seneff, il avait déjà publié d ans la revue scientifique Entropy un article détaillant le résultat de leurs recherches sur l es effets secondaires du glyphosate.

Les deux chercheurs affirment que la substance chimique pourrait être la cause de l' augmentation des cas d'autisme, de stérilité, d'obésité, de diabète, de maladies cardiaques et de la maladie d'Alzheimer dans le monde. Son absorption par l'organisme entraînerait en effet un dérèglement de nombreuses molécules et hormones, empêchant le corps de fonctionner normalement.

Par ailleurs, une étude publiée en mars 2015 dans le journal de la société états-unienne de microbiologie affirme que le glyphosate causerait une résistance aux antibiotiques . Son absorption pourrait diminuer l'efficacité des traitements prescrits aux patients souffrant de maladies parfois graves.

En novembre 2013, une étude publiée dans la revue interdisciplinaire de toxicologie établissait quant à elle le lien entre le glyphosate et l'intolérance au gluten , dont souffrent plus de 500 000 personnes en France aujourd'hui.

Malgré ces multiples études, Monsanto campe sur ses positions : "Tous les usages désignés du glyphosate sont sans danger pour la santé humaine et cela est confirmé par une des bases de données les plus importantes jamais compilée au monde sur la santé humaine pour un produit agricole", indique l'entreprise sur son site internet.

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Mise à jour : Suite à la publication de cet article la société Monsanto nous a fait parvenir le 27 juillet la réponse suivante : "Les autorités réglementaires mondiales ont examiné les nombreuses études de cancérogénicité à long-terme et s’accordent pour affirmer qu’aucune preuve n’existe sur le fait que le glyphosate cause le cancer, même lorsqu’il est présent à forte dose. Depuis 1991, l’Agence américaine de protection de l’environnement a affirmé l’innocuité du glyphosate, en se basant notamment sur des études approfondies menées sur les animaux. Le glyphosate est le produit le plus étudié du marché des herbicides. (...) Une seule étude menée il y a 30 ans sur des rongeurs avait soulevé des questions sur le lien entre glyphosate et cancer. Cependant dans le même temps, une étude conduite sur le long-terme était menée. Les résultats de cette étude ont prouvé l’absence de signe cancérigène pour le glyphosate. Cette réévaluation a été reconfirmée depuis près de 25 ans. A cela s’ajoute plusieurs autres travaux réalisés sur le long-terme sur des rats et des souris qui concluent tous à l’absence de cancérogénicité. (...) Les institutions de santé telles que l’Agence américaine de protection l’environnement ont recours à des évaluations prudentes si les données scientifiques sont discutables ou limitées. Au fil du temps, des études supplémentaires permettent de clarifier s’il existe ou non des liens de causalité et peuvent induire un changement de classification en fonction des informations nouvelles mises en évidence. Tel est le cas avec les nouvelles évaluations du glyphosate. Comme de nouvelles études et informations pertinentes ont été ajoutées à la base de données sur le glyphosate démontrant l’absence de cancérogénicité, l’Agence américaine de protection de l’environnement a reclassé le glyphosate dans la catégorie E, actif ne présentant aucun risque de cancérogénicité pour les humains. Depuis, le glyphosate a continué d’être réévalué. En 2014, l’Agence américaine de protection de l’environnement a examiné 55 études épidémiologiques sur le caractère cancérigène ou non du glyphosate. En avril 2015, l’Agence a déclaré que son évaluation concluait que le corpus de recherche ne contenait aucune preuve que le glyphosate provoque le cancer et qu’aucun changement qui concerne la classification du glyphosate n’était justifié."