Macron l’assure : il n’y a « jamais eu de rupture » de masques

Emmanuel Macron, le 18 mai 2020.

Emmanuel Macron, le 18 mai 2020. FRANCOIS MORI / AFP

Si le chef de l’Etat a reconnu des « manques » et des « tensions » sur la disponibilité du matériel de protection, il a réfuté toute pénurie.

Interrogé sur des « erreurs de communication autour de la pénurie de masques » de protection contre le coronavirus, Emmanuel Macron a affirmé lundi 18 mai sur BFMTV qu’il n’y avait pas eu de « rupture » d’approvisionnement.

« Je pense que beaucoup de choses ont été dites sur ce sujet, j’y suis revenu, le gouvernement… N’ayons pas ce… Les choses ont été dites. Les choses ont été gérées. Nous n’avons pas connu la situation… », a d’abord répondu le chef de l’Etat, peinant visiblement à terminer ses phrases.

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Et de poursuivre :

« Il y a eu une doctrine restrictive pour ne jamais être en rupture, que le gouvernement a prise et qui je pense était la bonne. Il y a eu ensuite un approvisionnement renforcé et une production renforcée, et nous n’avons jamais été en rupture. »

« Ce qui est vrai c’est qu’il y a eu des manques, qu’il y a eu des tensions », a-t-il reconnu, appelant à avoir « collectivement l’honnêteté de dire que, au début du mois de mars, personne ne parlait des masques parce que nous n’aurions jamais pensé être obligés de restreindre en quelque sorte la distribution de ceux-ci pour les soignants ».

En bref, pas de pénurie mais « des manques » ayant conduit à une « doctrine restrictive ». Vous avez dit périphrase ?

L’affirmation du président est l’occasion de relire notre enquête qui montre le fiasco de la pénurie de masques pour les soignants, envoyés « au front » sans équipement (ci-dessous) :

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« Ordres et contre-ordres »

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement est critiqué pour le manque de clarté de son discours sur les masques, et accusé d’avoir menti sur leur utilité pour dissimuler une pénurie.

Le port du masque par la population n’est pas « l’alpha et l’oméga » de la lutte contre le Covid-19, et il « ne sert à rien » d’en porter quand on n’est pas soignant, affirmait le ministre de la Santé Olivier Véran le 22 mars. « Il est inutile de porter un masque si l’on n’est pas malade », déclarait de son côté le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.

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« Faute de disposer d’un nombre suffisant de masques, la position du gouvernement et de la direction générale de la Santé a été de dire qu’ils ne servaient à rien en dehors de l’équipement des personnels hospitaliers. Ceci est faux », accusaient entre autres Claude Got, professeur de médecine, et Catherine Hill, épidémiologiste, dans une tribune publiée par « le Parisien » le 20 mars.

D’abord jugés inutiles, les masques grand public ont finalement été recommandés par les autorités, voire obligatoires dans certains lieux comme les transports en commun.

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Le discours gouvernemental a provoqué des réactions de tous les bords politiques : « Le gouvernement a été pris au dépourvu. Il y a eu des allers-retours qui après coup ont fait très mal », selon Gérard Collomb. Jean-Luc Mélenchon avait lui dénoncé à l’Assemblée nationale « ordres et contre-ordres [qui] se sont succédé », notamment sur le port du masque. Quant au chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau, il avait lui fustigé début avril la « communication chaotique » des autorités sur l’utilisation des masques, « une affaire qui restera comme le symbole d’une mauvaise gestion » de la crise en France.

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« Nous n’avons certainement pas été assez clairs sur ce sujet », a reconnu le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner début mai, refusant également d’évoquer une situation de pénurie : « La France avait un stock de masques pour son usage habituel de vingt semaines mais compte tenu de la crise mondiale que nous avons connue, ce stock de masques n’est pas apparu suffisant. […] La France et le gouvernement ont fait un choix : celui d’équiper en priorité les personnels santé, ceux qui sauvent des vies. »

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