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Coronavirus : des cafés organisent des « lockdown parties » en dépit du bon sens

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

À quelques heures de la fermeture des bars, restaurants, et autres lieux récréatifs imposée par le gouvernement fédéral pour tenter d’enrayer l’épidémie du coronavirus, certains cafés organisent des « lockdown parties » pour vider leurs fûts. Une initiative qui pourrait coûter très cher à la population.

À en croire le quotidien De Standaard, les gérants de cafés, soucieux de vider leurs fûts avant la fermeture, tentent d’attirer les gens à coup de snacks, une bière plus une gratuite, etc. À Anvers, le café Barbier organise une de ces fêtes. « Nous voulons vider ces fûts, car sinon, c’est de l’argent gaspillé », explique le gérant. Il s’agit pour lui d’un acte de désespoir destiné à grappiller quelques sous pour tenter de compenser, un tout petit peu, les pertes avant la fermeture imposée jusqu’au 3 avril.

« Tout doit partir »

À Bruxelles, écrit le site d’informations Bruzz, plusieurs cafés tentent d’écouler leurs stocks de bière. À Saint-Gilles, le bar Dynamo a ainsi exceptionnellement ouvert ses portes à 13h pour un événement baptisé Killing the kegs (vider les fûts). L’établissement propose même des bières à emporter. En plein centre de la capitale, le Bar à vin de la rue de Lombard n’hésite pas à organiser un Black Friday, en invitant les gens à « venir nombreux » sous prétexte que « tout doit partir ».

Quant au Bar de l’Amusoir à Waterloo, il invite ses habitués « à passer une dernière soirée en leur compagnie ».

Plusieurs restaurants tentent de déplacer les réservations et de convaincre leurs clients de venir ce soir. « Beaucoup de gens nous appellent pour réserver. Les gens veulent manger une dernière fois au restaurant avant que tout ne ferme pendant un mois. », explique un restaurateur de Balegem en Flandre-Orientale.

Pas très civique

Interrogé par De Standaard, l’épidémiologiste Pierre Van Damme (Université d’Anvers) souligne que c’est une très mauvaise idée de se rendre à ce genre d’évènements, même s’il comprend que pour le secteur de l’horeca, l’épidémie est une perte sèche.

« Mieux nous respecterons les précautions maintenant, plus vite nous nous en débarrasserons », déclare Van Damme. Toute personne qui se rend à une fête pourrait se voir contaminée et être malade la semaine prochaine. Ce n’est pas très civique. Les mesures seront expliquées plus longtemps, et seront peut-être plus strictes ».

Curieusement, le porte-parole du cabinet de la ministre de la Santé Maggie De Block trouve qu’il n’y a là rien de catastrophique. « Si l’industrie hôtelière devait prendre des mesures aujourd’hui, nous les aurions instaurées dès aujourd’hui », a-t-il dit.

Défier le bon sens

À l’heure où la Belgique entre en phase de pré-confinement et où les rassemblements étaient déjà déconseillés, c’est une initiative particulièrement déplorable. Si le gouvernement a donné 24 heures de plus aux secteurs touchés par les mesures, c’est pour qu’ils s’organisent et non pour adopter un comportement qui défie le bon sens.

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