Nucléaire : «Nous allons relancer la création de réacteurs», dévoile Emmanuel Macron

Le président de la République a dévoilé vouloir mettre en place un nouveau plan pour le développement du nucléaire en France dans les prochaines années. Un thème qui devrait s’imposer dans la prochaine campagne présidentielle.

    « Ce que nous vivons ces dernières semaines nécessite des réponses d’urgence. » La hausse des prix de l’énergie cette année fournit à Emmanuel Macron les arguments nécessaires pour concrétiser les projets de constructions de nouveaux réacteurs. « Pour garantir l’indépendance énergétique de la France, pour garantir l’approvisionnement électrique de notre pays et atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050, nous allons pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer des énergies renouvelables. »

    Ces réacteurs nucléaires seront en l’occurrence des EPR nouvelles générations, plus simples à construire et moins coûteux. Le président de la République n’a pour le moment pas donné plus d’indications. Le chiffre de six EPR circule depuis la rentrée, pour un coût qui serait compris entre 46 et 50 milliards d’euros. Une estimation qui devrait être affinée en décembre.

    Il y a deux semaines, RTE, gestionnaire du réseau électrique, avait publié un rapport qui recommandait la construction de réacteurs type EPR. « Les scénarios comprenant de nouveaux réacteurs nucléaires apparaissent plus compétitifs », sur le plan économique, concluaient les auteurs. Ce qu’a visiblement entendu et décidé de suivre le président.

    La France, qui tire la majorité de son électricité du nucléaire grâce à 18 centrales nucléaires en exploitation pour un total de 56 réacteurs , ne construit actuellement qu’un seul réacteur nucléaire de nouvelle génération, l’EPR de Flamanville (EDF), dont le chantier entrepris en 2007 n’est toujours pas achevé.



    Lors de la présentation la semaine dernière d’un plan d’investissements de 30 milliards d’euros baptisé France 2030, Emmanuel Macron avait également annoncé que la construction de plus petits réacteurs dits modulaires (SMR, pour « small modular reactor »), d’une puissance allant de 25 à 500 mégawatts MW, contre 1 650 MW pour l’EPR actuellement toujours en construction à Flamanville (avec dix ans de retard et un surcoût de 16 milliards d’euros) par EDF.

    Une stratégie qui s’inscrit pour le président de la République dans sa politique de réindustrialisation et de souveraineté de la France. « Si nous voulons payer notre énergie à des tarifs raisonnables et ne pas dépendre de l’étranger, il nous faut tout à la fois continuer d’économiser l’énergie et d’investir dans la production d’énergie décarbonée sur notre sol », a-t-il ainsi expliqué. Le nucléaire comme solution également contre la flambée des prix donc.

    Problème : le « nouveau nucléaire » devrait coûter bien plus cher que celui actuellement en production, alors que le coût du renouvelable ne cesse de baisser. Reste l’argument d’une énergie décarbonée : « Ces investissements (NDLR : dans le nucléaire et le renouvelable) nous permettront d’être à la hauteur de nos engagements, au moment où nous allons clôturer la COP 26 à Glasgow, c’est un message fort de la France. »

    Le nucléaire, un sujet au cœur de la présidentielle 2022

    Près de six Français sur dix (59 %) sont favorables au nucléaire, selon un sondage Odoxa pour Challenges et BFMTV réalisé en mars 2021. Un taux certes plus bas que celui de 2013 (67 %), mais beaucoup plus haut qu’en 2018 (47 %). Un sujet qui devrait occuper la campagne de la prochaine présidentielle.

    Lundi soir, lors du débat des candidats à la primaire de la droite, Xavier Bertrand a même annoncé que sa première mesure serait d’ordonner au président d’EDF la construction de 10 réacteurs nucléaires. À l’inverse, Jean-Marie Matagne, président de l’association Action des citoyens pour le désarmement nucléaire (ACDN) fondée en 1996, vient d’officialiser sa candidature à l’élection présidentielle de 2022.