Tribune. La santé de demain intégrera toujours plus les médecines complémentaires. Plus de 68 % des Français croient aux bienfaits des médecines complémentaires et alternatives (MCA) : leur pratique est donc loin d’être marginale ! L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dénombre quatre cents MCA et encourage leur intégration pour soutenir la prévention, la qualité de vie et le bien vieillir. Mais le champ des MCA rassemble indistinctement des méthodes validées et sécurisées, insuffisamment éprouvées ou douteuses, voire dangereuses.
L’enjeu de santé publique est donc de favoriser l’essor des pratiques bénéfiques, tout en luttant contre les dérives en santé. Face à l’engouement pour ces pratiques et à leur prolifération incontrôlée, l’enjeu est aussi d’asseoir les médecines complémentaires adaptées et de lutter contre les méthodes alternatives.
En France, certaines pratiques sont légalisées (acupuncture, ostéopathie, chiropraxie, homéopathie). D’autres, comme la sophrologie, l’hypnose, l’art-thérapie, sont déployées dans les hôpitaux, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et par les associations nationales (Ligue contre le cancer, France Alzheimer…). Un rapport de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP, 2012) a montré que l’hôpital public s’est, lui aussi, largement ouvert à certaines MCA.
Une agence des MCA (A-MCA), réunissant plus de quatre-vingts experts, des chercheurs, médecins, élus, anciens ministres, hauts dirigeants, mais aussi des patients et des soignants, a été créée pour contribuer à structurer ce champ. Soutenue par près de trente partenaires (Fondation de l’Académie de médecine, universités, France Alzheimer, etc.), l’A-MCA fédère l’écosystème en la matière.
Enseignement et formation
Elle vise à informer, conseiller, guider sur ces pratiques tout en développant la recherche dans le domaine. Il s’agit de consolider les connaissances sur ces pratiques, leurs effets et leur niveau d’efficacité. L’Agence entend aussi lutter contre les dérives en santé, en particulier les dérives thérapeutiques non sectaires, volontaires ou non, et dont les conséquences peuvent, elles aussi, être dramatiques.
La pratique des MCA ouvre à des risques de dérives thérapeutiques, tandis que les patients cachent souvent leurs usages à leurs médecins, et parfois même, abandonnent leurs traitements vitaux
L’A-MCA a également pour but d’aider à organiser l’enseignement et la formation des pratiques validées et de soutenir, sur le terrain, leur mise en œuvre, de façon cohérente, structurée et sécurisée. C’est dans ce cadre qu’elle accompagne différents acteurs (par exemple des groupes d’Ehpad). Si beaucoup de ces pratiques sont devenues incontournables, elles manquent paradoxalement d’encadrement, rendant l’offre peu lisible pour les patients et les confrontant à des risques.
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