Depuis son garage jusqu’à la Bourse de Paris, Benoit Gillmann a fait grandir son entreprise Bio-Uv en pariant sans cesse sur de nouveaux marchés. Cet autodidacte amoureux de sa région languedocienne qui a développé la technologie des lampes à UV-C pour dépolluer l’eau regarde désormais du côté de la désinfection des surfaces, un terrain propice en ces temps d’épidémie de Covid-19.

De la piscine aux navires

Si ce procédé de traitement par ultraviolet existe depuis plusieurs dizaines d’années, l’idée de s’en emparer lui est venue en l’an 2000 en regardant sa fille nager dans une piscine pleine de chlore. Logiquement, il s’attaque donc d’abord au marché des piscines chez les particuliers puis, rapidement, la technologie de Bio-Uv se décline pour l’aquaculture, les stations d’épuration, les bassins collectifs, le traitement des effluents.

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Concomitamment à une entrée en Bourse en 2018, l’entreprise, installée à Lunel dans l’Hérault, se positionne sur le traitement des eaux de ballast, énorme marché à prendre puisque les armateurs ont l’obligation depuis 2017 de rendre propre la vidange des navires. CMA-CGM et Grimaldi signent des commandes d’un montant de plus de sept millions d’euros.

En pleine crise du coronavirus, Benoit Gillmann assure n’avoir aucun ralentissement de son activité. Au contraire. Son entreprise vient de développer, en parallèle, un nouveau procédé de désinfection des surfaces par UV-C, à l’heure où le monde entier cherche des moyens d’éliminer les contaminations.

Vingt années d’expérience

De l’eau à l’air, il n’y a qu’un pas, franchi rapidement par l’équipe recherche et développement de l’entreprise. « Nous connaissons par cœur cette technologie grâce à nos vingt années d’expérience. Les ingénieurs se sont penchés sur la question et, en moins de trois semaines, ont sorti un premier prototype », annonce fièrement Benoit Gillmann.

Une lampe, rectangulaire, munie d’une poignée, diffuse des rayons UV-C, à dose suffisante pour désinfecter et inactiver les micro-organismes du virus. « La machine sera simple d’utilisation, mobile, légère et pratique à déplacer », précise le chef d’entreprise. Dans un service hospitalier, dans un Ehpad, mais aussi chez les médecins, les dentistes, toutes les surfaces pourront passer sous ce « scanner » afin de nettoyer chaise, bureau, lit, table d’auscultation en quelques secondes.

Test en cours

Les performances de désinfection sont actuellement testées dans un laboratoire indépendant selon les normes internationales les plus strictes. Un deuxième laboratoire évaluera l’efficacité sur le Covid-19 dans les prochaines semaines, avant une commercialisation fin mai, d’abord auprès des personnels médicaux.

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« Nous avons la capacité de produire la première série sur place dans notre usine de Lunel. La phase d’industrialisation arrivera vite car ce système, qui ne pulvérise ni chlore ni eau de javel, intéressera du monde. Nous serons en mesure de produire une centaine d’unités par semaine, puis plusieurs milliers dans un second temps », assure Benoit Gillmann pour qui cette diversification d’activité n’est qu’« une question de bon sens ».