Au 20 avril 2020, près de 115.000 cas de contamination par le coronavirus étaient confirmés en France. Et selon des travaux de l’Institut Pasteur, d’ici le 11 mai, la date du début du déconfinement, moins de 6 % de nos concitoyens auront contracté la maladie.


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    Édouard Philippe, notre Premier ministre, nous a prévenus dimanche soir. Nous ne retrouverons « pas tout de suite et probablement pas avant longtemps » notre « vie d'avant ». Le déconfinement commencera le 11 mai 2020. Mais la perspective d'un rebond de l'épidémie de Covid-19 due au coronavirus SARS-CoV-2 obligera à un déconfinement très progressif.

    Très en dessous des 70 % nécessaires à l’immunité collective

    « Pour que l'immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vaguevague, il faudrait 70 % de personnes immunisées. On est très en dessous », explique à l'AFP l'auteur principal de l'étude publiée par l'Institut Pasteur, Simon Cauchemez. Selon ces travaux, en effet, seulement 5,7 % de la population aura été touchée par le coronaviruscoronavirus d'ici au 11 mai prochain. Par conséquent, « au sortir du confinement, si on veut éviter une deuxième vague importante, des mesures doivent être maintenues », ajoute le chercheur.

    Réalisée par l'Institut Pasteur en collaboration avec l'agence sanitaire Santé publique France et l'Inserm, l'étude se base sur des modélisationsmodélisations mathématiques et statistiques et sur des enquêtes épidémiologiques. Ces outils permettent de croiser les données sur les décès et sur la probabilité de mourir quand on est infecté, afin de parvenir à une estimation de la part de population infectée.

    Les chercheurs rappellent que le nombre d’hospitalisations ne donne qu’un aperçu limité de l’état de l’épidémie. De nombreuses personnes ne développent en effet aucun symptôme ou des symptômes très légers et peuvent donc ne même pas être détectées. © Halfpoint, Adobe Stock
    Les chercheurs rappellent que le nombre d’hospitalisations ne donne qu’un aperçu limité de l’état de l’épidémie. De nombreuses personnes ne développent en effet aucun symptôme ou des symptômes très légers et peuvent donc ne même pas être détectées. © Halfpoint, Adobe Stock

    Loin de l’immunité collective

    Le tout est tout de même présenté avec un « intervalle d'incertitude important, entre 3 et 10 % », note Simon Cauchemez. Mais « que ce soit 6 %, 10 % ou même 20 %, ça ne change pas vraiment la nature du problème, qui est que dans tous les cas, on sera très loin des 70 % dont on aurait besoin pour pouvoir faire une sortie du confinement sans problème », souligne-t-il.

    La faible part de population infectée est due au confinement lui-même, relève l'étude, selon laquelle « le nombre moyen de personnes infectées par un cas est passé de 3,3 » avant le confinement « à 0,5 pendant ». Rappelons que le but du confinement, mesure prise par de nombreux autres pays, était d'empêcher un afflux massif de patients au même moment, qui aurait dépassé les capacités du système hospitalier.

    Les travaux des chercheurs de l’Institut Pasteur montre que quelque 12 % de la population pourrait avoir été infectée en île de France et sur la région Grand Est d’ici au 11 mai. © Delphotostock, Adobe Stock
    Les travaux des chercheurs de l’Institut Pasteur montre que quelque 12 % de la population pourrait avoir été infectée en île de France et sur la région Grand Est d’ici au 11 mai. © Delphotostock, Adobe Stock

    Des disparités selon l’âge et le sexe

    Par ailleurs, l'étude estime que 0,5 % des personnes infectées meurent. « La létalité varie avec l'âge et le sexe », commente encore Simon Cauchemez. Par exemple, « les hommes sont bien plus à risque de décéder lorsqu'ils sont infectés que les femmes -- ils ont un risque 50 % supérieur aux femmes -- et ce différentiel augmente avec l'âge », poursuit-il. Ainsi, le taux de décès atteint 13 % chez les hommes de plus de 80 ans.

    Enfin, ces travaux de l'Institut Pasteur montrent que le risque d'hospitalisation est de 2,6 % pour les personnes ayant été infectées. Il augmente lui aussi fortement avec l'âge pour atteindre 31 % chez les hommes de plus de 80 ans.