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Chrysalis, la machine qui transforme le plastique en carburant, passe à la vitesse supérieure

ENERGIE La nouvelle version de l’engin développé par l’association Earth Wake sera présentée en septembre prochain pour une commercialisation courant 2020

Mireille Fournaise
Chrysalis est une machine conçue avec une technologie low tech afin de permettre à des micro-entrepreneur de pays émergents de transformer des déchets plastiques en diesel et essence.
Chrysalis est une machine conçue avec une technologie low tech afin de permettre à des micro-entrepreneur de pays émergents de transformer des déchets plastiques en diesel et essence. — Earth Wake
  • Avec 1kg de plastique, la machine Chrysalis produit séparément 650g de diesel, 180 grammes d’essence.
  • L’association Earth Wake qui développe le projet voit en Chrysalis une solution concrète pour encourager la collecte de ce type d’ordures dans les pays émergents.

Plastique, souviens-toi que tu es pétrole et que tu retourneras au pétrole! Ainsi pourrait-on écrire la genèse de Chrysalis, cette machine capable de transformer des déchets plastiques en carburant. Insérée dans le réacteur du robot d’acier, la matière est chauffée à plus de 400°C. Ce procédé, appelé pyrolyse, permet de casser les molécules du plastique pour le faire revenir à son état d’origine: du pétrole. Beaucoup de pétrole.

«Avec 1kg de plastique, Chrysalis produit séparément 650 g de diesel, 180g d’essence, 100g de gaz et 7g de résidu, détaille pour 20 Minutes François Danel, administrateur de l’association  Earth Wake qui développe le projet. On peut y mettre des sacs plastiques, des bouchons de bouteille, des bassines, des flacons de détergent ou de shampoing… Bref, tout ce qui est en polyéthylène et en polypropylène.»

Jusqu’à 60kg de plastique par fournée

Présenté au public en septembre 2018 à Antibes (Alpes-Maritimes), Chrysalis avait suscité un fort intérêt. Grâce aux financements de collectivités, d’entreprises ou encore l’aide d’écoles d’ingénieurs, la machine inventée par l’ingénieur niçois Christopher Costes en 2015 a bien changé depuis. «La nouvelle version que l’on présentera en septembre prochain à  Nice est trois fois plus grosse et surtout, sa capacité de traitement est bien plus importante, assure François Danel. On peut aujourd’hui mettre jusqu’à 60kg de plastique par fournée, contre 1 ou 2kg avec le précédent prototype.»

Le procédé complet dure environ une heure trente et plusieurs pyrolyses peuvent être réalisées à la suite. «En prenant en compte le temps de nettoyage, on peut transformer jusqu’à 200kg de déchets par jour.»

Donner de la valeur aux déchets plastique

L’objectif du projet est de répondre à un défi écologique: traiter les déchets plastiques sur terre afin qu’ils ne finissent pas dans les océans. Selon une étude publiée dans la revue Science en 2015, en 2010,  8 millions de tonnes de déchets  plastiques ont été déversées dans les océans. L’association Earth Wake, qui vise à soutenir les innovations valorisant les déchets plastiques dans les pays émergents, voit en Chrysalis une solution concrète pour encourager la collecte de ce type d’ordures. «En donnant de la valeur aux déchets plastique, les gens ne les jetteront plus, mais les vendront à des  micro-entrepreneurs qui, eux, gagneront de l’argent en produisant leur carburant», expose François Danel.

Conçue pour être vendue à des particuliers ou des collectivités, Chrysalis peut être placée n’importe où avec sa taille et son fonctionnement. «Elle marche sans électricité. Ce sont les 10% de gaz qu’elle produit pendant la pyrolyse qui alimentent la chaleur et lui permette de générer sa propre énergie», explique le membre de l’association. Par ailleurs, sa conception en matériaux simples et costauds, mais aussi sa technologie low tech permettent de l’entretenir facilement et de la réparer sur place. Earth Wake espère pouvoir commercialiser Chrysalis autour de 50.000€ et estime ce coût amortissable en deux à trois ans.

«On souhaite en fabriquer une dizaine au cours de l’année 2020. Vu le nombre d’entrepreneurs et de collectivités du monde entier qui me contactent chaque jour par mail afin d’acquérir cette machine, on est presque sûrs de toutes les vendre», se réjouit François Danel. Née dans un garage du sud de la France, Chrysalis pourrait donc très prochainement transformer les déchets plastique aux quatre coins de la planète.