Troubles respiratoires – Des respirateurs de Philips continuent à menacer la santé de patients

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Troubles respiratoiresDes respirateurs de Philips continuent à menacer la santé de patients

Une enquête exclusive de «Mediapart.fr» révèle la lenteur du fabricant quant au remplacement des appareils, annoncés dangereux et cancérigènes en juin dernier, utilisés par les personnes souffrant d’apnée du sommeil ou de maladies respiratoires.

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La mousse d’insonorisation utilisée dans certains appareils de pression positive continue (PPC) et ventilateurs de domicile est jugée comme potentiellement dangereuse et cancérigène.

La mousse d’insonorisation utilisée dans certains appareils de pression positive continue (PPC) et ventilateurs de domicile est jugée comme potentiellement dangereuse et cancérigène.

philips.ch

Il a six mois, Philips avertissait, à l’échelle mondiale, du défaut de fabrication de certains appareils de pression positive continue (PPC) et ventilateurs de domicile utilisés par des personnes souffrant d’apnée du sommeil ou de maladies respiratoires ainsi que des risques sanitaires encourus. Aujourd’hui, «Mediapart.fr» dénonce dans une enquête exclusive la lenteur du fabricant hollandais quant aux remplacements des machines dangereuses. Sur les 370’000 appareils utilisés en France, moins de 5% des engins auraient été remplacés.

Une mousse cancérigène

L’affaire débute en avril dernier quand Philips publiait une notice de sécurité informant «d’une suspicion de risques potentiels pour la santé liés à la mousse d’insonorisation utilisée dans certains appareils de pression positive continue (PPC) et ventilateurs de domicile».

En Suisse, selon la Ligue pulmonaire, près de 45’000 de ces respirateurs – fabriqués avec cette mousse en polyuréthane à base de polyester (PE-PUR) pouvant se dégrader et émettre des particules cancérigènes – assistent le sommeil des personnes atteintes d’apnée du sommeil. La société avait même mis en place un centre d’assistance pour la Suisse tout en assurant qu’une «analyse des risques sanitaires était en cours».

Rappel massif

Puis en juin dernier, Philips avait déclaré dans un communiqué, tout en annonçant le rappel mondial de ces produits défectueux, qu’outre les risques cancérigènes, les malades inhalant ces particules à longueur de nuit «risquent potentiellement: irritation (peau, yeux et voies respiratoires), réaction inflammatoire, maux de tête, asthme, effets indésirables sur d’autres organes (par exemple, les reins et le foie) et toxicité». La marque avait aussi mis en évidence un risque d’exposition à deux autres composés organiques volatils. Ces derniers peuvent potentiellement provoquer: «maux de tête/étourdissements, irritation (yeux, nez, voies respiratoires, peau), hypersensibilité, nausées/vomissements, toxicité et risques cancérigènes».

«Mediapart» rappelle que la firme néerlandaise a annoncé le rappel de 370’000 de ses appareils utilisés en France et fabriqués avant le 26 avril 2021. De plus, 29’000 ventilateurs utilisés par les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), de syndrome obésité-hypoventilation (SOH), de cyphoscoliose ou de pathologies neuromusculaires sont également concernés par le défaut de fabrication.

L’inertie de Philips

Six mois après son annonce, Philips a seulement fait changer 16’411 des dangereux appareils de pression positive continue (PPC), soit moins de 5%, rappelle le média français. Quant aux ventilateurs, «la réparation et le remplacement commenceront à partir du mois de janvier 2022», selon les dires de la firme.

Les malades utilisant ses appareils devront s’armer de patience. Rien qu’aux États-Unis, ce n’est que d’ici à la fin 2022 que le fabricant prévoit de trouver une solution pour l’ensemble des produits concernés. La lenteur de la procédure serait liée, à en croire les déclarations de Philips au média français, aux «difficultés inhérentes au contexte mondial actuel: pénurie de composants électroniques et matières premières, tensions liées à toute la chaîne logistique et transport».

Action collective au Canada

Par ailleurs, la marque a précisé à «Mediapart» qu’elle ne «dispose pas de données cliniques indiquant que l’exposition aux particules ou aux composés organiques est susceptible de provoquer un cancer». Tout en ajoutant que «des tests et des recherches approfondies sont en cours pour mieux identifier et comprendre les risques réels».

Pour l’heure, seule une action collective a été déposée par Maître Andrea Grass, du Consumer Law Group au Canada, le 9 juillet dernier, rappelle le média français. L’avocate informe que 5000 personnes se sont inscrites sur le site web pour être tenues informées de la procédure. La requête, que «Mediapart» a pu lire, a pour volonté d’apporter un double éclairage: la firme a-t-elle «fait preuve de négligence dans la commercialisation et la vente des appareils respiratoires rappelés» et a-t-elle «omis d’avertir les consommateurs des risques liés»?

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