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"Je ne crois pas au développement durable"

Crise économique, ras-le-bol du marketing vert, critique de la société d'hyper-consommation… les raisons invoquées par les "écolo-résistants" sont très variées.

Le Monde

Publié le 03 avril 2012 à 15h56, modifié le 03 avril 2012 à 17h57

Temps de Lecture 13 min.

Dessin de Selçuk

La dixième Semaine du développement durable se tient du 1er au 7 avril alors que s'est installé en France un véritable "écolo-scepticisme". Le phénomène est en progression. 45 % des 4 500 Français sondés en juin 2011 par l'Ipsos trouvent "qu'on en fait trop sur le réchauffement climatique". Cette proportion d'"écolo-sceptiques", estime Ipsos, n'était que d'un tiers en 2008. Le Monde.fr a invité ses lecteurs à réagir, à travers un appel à témoignages qui a recueilli de multiples réponses. Crise économique, ras-le-bol du marketing vert, critique de la société d'hyper-consommation… les raisons invoquées par les "écolo-résistants" sont très variées.

  • Durablement réfractaire au développement !, par Bernard

Mais que veut dire un tel sondage ? Les Français ne sont certainement pas plus écolo-sceptique qu'il y a quelques années. Ils n'ont malheureusement tout simplement plus les moyens de traduire en actes quotidiens leurs convictions profondes. Les actes écolo-citoyens, l'altruisme, le dévouement pour la cause de notre planète peuvent-ils passer avant la nécessité de se déplacer pour aller travailler (de plus en plus loin), de se nourrir (au plus bas prix), de se vêtir (économiquement), de se loger et se chauffer ? De survivre ? Trois millions de chômeurs et encore plus de précaires. N'oublions pas ces chiffres. Je suis, nous sommes, ils sont, tous intimement conscients de l'urgence à adopter une attitude "durablement réfractaire au développement" forcené dans lequel notre civilisation nous entraîne et aux conséquences désastreuses qui en découleront. Mais le prix à payer pour voter "développement durable" est pour la majorité d'entre nous de plus en plus inaccessible.

  • Trop cher, surtout en temps de crise, par André

A trop vouloir, sans répit, "bourrer" la tête des gens avec l'écologie et le développement durable, c'est l'inverse qui se produit : un rejet ! Entre les fanatiques de l'écologie et les profiteurs qui vous font payer au prix fort de soi-disant produits écolo et bio, les consommateurs font leurs comptes. La conclusion : trop cher, surtout en temps de crise ! L'impression ultime : c'est devenu un business qui profite à certains sans que l'on soit véritablement persuadé de la véracité de l'argumentation.

  • Un phénomène de bobos citadins, par François

Ecoloseptique ne veut pas dire écolonégationniste. Je crois aux problèmes posés par la pollution et à la destruction de l'environnement. J'attends des résultats ayant plus de recul quant au "changement climatique" que je crois nettement moins prononcé et anthropique qu'on nous le dit. Ce qui fait que l'urgence clamée à tous vents me paraît dangereuse : A crier "au loup" trop vite, on risque de décrédibiliser les préoccupations environnementales. Mais je suis persuadé qu'on peut faire de très grosses économies, d'énergie par exemple, sans devoir se restreindre, surtout quand on n'a déjà pas grand-chose au départ. Nos sociétés sont incroyablement gaspilleuses entre autres parce qu'elles nous poussent à consommer toujours plus, les appareils deviennent fragiles par "obsolescence programmée", il y a souvent plus d'emballage que de produit, etc ... "L'écologie" d'aujourd'hui est un phénomène de bobos citadins et de cathéchumènes qui, eux, ne manquent pas de pouvoir d'achat, de travail, de logement, de services publics ... et ignorent bien souvent ce qu'est "la nature" !

  • Confronter les théories aux réalités, par Joël

Je ne suis pas un partisan de la surconsommation et il me semble que les gouvernants mondiaux devraient tendre à pouvoir assurer une économie équilibrée avec une croissance minimale. Toutefois, l'empressement de ces mêmes gouvernants à multiplier les taxes "dites écologiques" à l'aune de rapports très préliminaires d'experts climatiques est particulièrement suspect. Ces taxes seraient-elles plus "politiquement correctes" que d'autres ? Faudrait-il que les Occidentaux s'ajoutent encore des handicaps pour produire (comme la fameuse et unilatérale "taxe carbone") alors que les Chinois auraient un permis illimité de polluer ? Beaucoup de scientifiques sérieux doutent d'un réchauffement induit par l'homme et surtout des conséquences négatives de celui-ci. Quand on constate les énormes erreurs commises par le GIEC, les intérêts de ses scientifiques pour les juteuses subventions, il me semble important de confronter ces théories aux réalités. Or les constatations du monde réel ont une fâcheuse tendance à être très en dessous des délires des tenants du "thermaggedon". Quitte pour ces derniers à changer une échelle sur un graphique pour mieux effrayer la population… Car, en effet, faudrait-il plus s'inquiéter d'un réchauffement climatique modéré qui allègerait la facture de chauffage et la pollution, ou d'un mini-âge glaciaire qui ne manquerait pas de provoquer de graves crises énergétiques et qui semble en accord avec les minimas solaires enregistrés ces dernières années ?

  • Plutôt "humanosceptique" qu'écolosceptique, par Mathilde

Je ne crois pas au développement durable. Je ne fais donc rien en sa faveur, je ne me pose jamais la question écologique dans ma vie de tous les jours. Non pas que je ne crois pas à l'influence de l'homme sur son environnement, mais parce que je mets sérieusement en doute la volonté de l'homme de se restreindre. Il est hors de question pour moi de ne pas vivre comme je l'entends, avec les progrès technologiques que nous connaissons. Pour moi la question est la suivante : on nous dit qu'on est trop nombreux sur Terre pour tous vivre avec le "luxe" occidental. Les écolos nous expliquent donc qu'il faut changer de rythme de vie. Moi j'ai une autre option : gardons le même rythme de vie, mais diminuons le nombre de personnes sur la planète ! Après tout, le résultat sera le même, et nous vivrons tous sans nous restreindre ! La chose amusante à noter c'est qu'en vivant ma vie comme je l'entends, mon "empreinte écologique" est tout de même bien inférieure à celle de la moyenne de mes compatriotes. Je n'ai pas de voiture, je ne prends pas l'avion, je vis en logement collectif, etc... Il est donc particulièrement savoureux d'entendre certains me réclamer de faire "des efforts" pour trier mes déchets par exemple, alors qu'ils ont pour leur part deux voitures et un pavillon individuel à chauffer. Bref, je ne crois pas au développement durable en raison de l'inefficacité et l'inanité prévisibles de celui-ci.

  • Ce n'est pas mon problème, par Ernest

Les journaux, les media, les scientifiques nous parlent de conséquences. Dans les 50 prochaines années, moi, je ne serai plus là. Rien n'est éternel, tout le monde meurt un jour et moi probablement avant que le climat ne se détraque complètement. Le réchauffement climatique (s'il existe) est provoqué par des pays comme la Chine ou les USA et je vois pas pourquoi, moi, je devrais faire des efforts pour palier à leur irresponsabilité. En tout cas, le développement durable, c'est l'enjeu des plus jeunes qui vont devoir se débrouiller avec la situation qu'on leur laisse et je leur souhaite bien du courage. Vive le nucléaire et le gaz de schiste et surtout bonne chance à la "génération Y". On verra si leurs portables et leurs Facebook les sauvent du cataclysme annoncé, ils feraient mieux de se mettre au travail et de se couper les cheveux !

  • Peint en vert, on a cru que ça ferait plus dans le vent, par Christophe

Dans l'âme, je me sens écologiste, et mes comportements ont beaucoup évolué dans le temps, surtout depuis que j'ai un jardin avec un partie potager. Nous trions absolument tout, l'organique pour le compost, le recyclable, mais aussi nous essayons de trouver des usages divers et variés à ce que nous achetons. Mais ce qui me choque, c'est que malgré ces efforts, je me sens un peu "vache à lait" avec le développement durable. Un exemple très simple illustrera mon propos, il s'agit des lampes à économie d'énergie. Aujourd'hui, au bas mot, j'ai pu trouver des ampoules équivalent 40 Watt pour 5 € l'unité. Temps d'utilisation inférieur aux lampes à incandescence et donc on jette plus vite une ampoule hors de prix (plus de 30 francs l'ampoule quand même). Ces ampoules contiennent des agents polluants en plus, et pas des moindres. Alors, j'économise l'énergie, cela me coûte très cher , j'en utilise plus. Le bilan pour moi n'est pas positif et le bilan pour la planète je ne le connais pas, mais j'ai comme un doute. En fait, d'une économie en crise, on a voulu faire une économie durable qui devait ramener croissance, mais le résultat c'est que le marketing fait du vert pour tout et rien, et que rien ne change à part les prix qui s'envolent. Je ne suis pas réfractaire, mais pour moi la voie choisit n'est pas la bonne, il en existe d'autres, mais la remise en cause serait sans doute trop dur pour bon nombre d'entre nous, car elle impliquerait un forme de sobriété et moins de gaspillage.

  • Réfractaire, par Frédéric

Complètement réfractaire. Les pseudos solutions regroupées dans le vocable "développement durable" ne sont qu'un achat de bonne conscience à peu de frais. Le style de vie des pays riches n'est pas soutenable et il n'y a pas de volonté d'en changer autrement qu'à la marge. Les vertueux européens consomment 2 fois moins de ressources que les vilains américains mais notre mode de vie nécessite 4 terres pour qu'il puisse être partagé par l'ensemble de la population mondiale. Les solutions pour "sauver la planète" sont un peu comme battre des bras pendant une chute du 30e étage, cela ralentit, légèrement, la vitesse de la chute mais cela n'a pas d'influence sur le résultat. On va dans le mur, et personne ne veut changer de direction. Arriver dans ce mur à 120km/h ou à 110km/h ne va pas changer le résultat. Il ne faut pas oublier que l'enjeu est la survie de l'humain, pas celui de la planète. La planète va bien, et elle ira certainement mieux dans quelques millions d'années. Le développement durable est une blague, une jolie blague pleine de bons sentiments mais une farce devant l'ampleur du problème de notre consommation énergétique et du pillage des ressources naturelles.

  • Cela me hérisse le poil, par Alan

Allez, ne soyons pas catégorique : je trie mes déchets dans 95 % des cas, j'ai quelques éclairages LED, j'éteins le moniteur de mon PC la nuit, et d'autres petites actions, simples et – je le pense – utiles. Mais, oui, le "développement durable" me hérisse le poil. D'abord car il est à la mode (est ? était ? peu importe : il reviendra), mais une mode sous la forme obligatoire, comme quelque chose que toutes les bonnes consciences obligeraient à suivre, faute de quoi on ne serait pas "citoyen". Surtout, car Il ne signifie rien de compréhensible (qui peut m'expliquer rapidement, simplement et clairement ce que signifie la première ligne de la page wiki consacrée à ce sujet ?)… quand il n'est pas dans le pléonasme parfait de l'un de ses porte-drapeaux : le tri sélectif. Quelqu'un qui vante le "tri sélectif" n'a même pas réfléchi une minute au sens des termes qu'il utilise. Je ne m'étendrai pas plus sur la sémantique, sauf peut-être à m'étonner qu'on l'on ait accolé le développement durable à un livret d'épargne, en n'ayant pas pensé à faire la même chose pour son corolaire le principe de précaution. Il souffre également d'une assimilation à – sinon une large préemption par – la décroissance, qui se rapproche plus d'un fantasme que d'une réelle perspective possible. Dès lors, à quoi bon adhérer au concept, lorsque son prolongement "naturel" (j'admets volontiers que cette logique est discutable, mais me semble pertinente) est tout simplement inenvisageable ?

  • Un prétexte à la mode, par Samuel

On parle de développement durable mais il n'est question que de nous contraindre et de nous limiter. Quel que soit le problème, la solution est invariablement la même : créer des taxes et des impôts. En vérité le développement durable n'est que le dernier prétexte à la mode qu'utilisent les politiciens pour faire ce qu'ils font de mieux: nous faire passer à la caisse. Songez par exemple à la taxe carbone qu'on voulait nous imposer. On nous expliquait le plus sérieusement du monde qu'il fallait taxer encore plus l'essence (dont le prix est déjà composé à 80 % de taxes) pour orienter les consommateurs vers des véhicules électriques, alors que ceux-ci n'existent pas encore ! Si le développement durable n'a plus le vent en poupe, c'est parce que les Français ont compris que les seules choses que veulent développer les écologistes, ce sont l'étatisme et la pression fiscale.

  • Revenir à la sobriété heureuse, par Brice

Je suis sceptique sur le développement durable car je crois que la solution réside dans quelque chose de plus ambitieux et réaliste : il est impératif de revenir à la sobriété heureuse, comme le dit si bien Pierre Rahbi, et de tenir compte de la capacité limitée de la planète. Les calculs d'empreinte écologique sont sans appel ! Le développement durable, c'est une illusion, c'est un pas en avant alors que nous sommes au bord du gouffre, c'est ralentir notre course vers le gouffre alors qu'il faudrait changer de direction pour ne pas tomber dedans, c'est faire croire que tous les humains pourront adopter un style de vie à l'occidentale, en gaspillant les ressources de la planète... La croyance "consommer plus pour être heureux" ne doit plus dicter les comportements des humains.

  • Remettre en cause les bases du fonctionnement économique, par Y

La crise économique ne serait-elle pas le résultat d'une approche de l'économie où l'humain est absent (spéculations, course à la croissance, hyper-réactivité aux variations des indicateurs boursiers ...) ? La démarche "durable" va de pair avec une certaine forme de décroissance, qui suppose elle-même une remise en question de nos comportements au niveau humain et sociétal. Pourquoi la crise, fruit de la croissance effrénée, devrait entraîner une remise en cause du développement durable dont les fondements lui sont totalement étrangers ? Ce qu'il faut remettre en question, ce sont les bases du fonctionnement économique actuel qui ont conduit à la crise, et non celles du développement durable qui se propose comme une alternative permettant d'améliorer nos difficultés actuelles. Les consommateurs pourraient changer la donne, mais il faudrait pour cela une prise de conscience suffisamment généralisée, entraînant ainsi un changement significatif des habitudes de consommation. Au final, on en revient toujours à la remise en question de notre propre façon de fonctionner.

  • Ecolosceptique, par Auguste

Je suis écolosceptique et contre le développement durable dans la mesure ou l'on privilégie l'approche individuelle et l'aspect "greenwashing" de la chose. Le coût du tri des ordure ménagères devrait être pris en charge à 100 % par les entreprises, comme dans d'autres pays, ce qui est loin d'être le cas en France. Ce sont également les entreprises qui pratiquent l'obsolescence programmée, au lieu de garantir leurs produits sur une durée de 20, 30, voir 100 ans. Au niveau des transports, l'écologie est un prétexte pour remplacer le parc auto (qui ne fait que croître). L'exemple du train est encore plus parlant. La SNCF a fermé un nombre incalculable de lignes et de gares sous le prétexte de la rentabilité. L'écologie n'est pas compatible avec la notion de profit. L'écologie, c'est assurer notre futur à moyen et long terme. Le profit doit être le plus rapide possible, sans se soucier des conséquences. Etre pour le développement durable ou écologiste dans le cadre économique actuel ne veut donc rien dire. Je suis écolosceptique !

  • Le développement ne peut pas être durable dans une société de consommation, par Matthieu

Le développement durable tel qu'il est mis en oeuvre n'a rien de durable. Il ne s'agit que de raccourcis commerciaux emballés par une large désinformation où on ne fait que déplacer le problème de la pollution. Panneaux solaires, voitures électriques, éolien,... Tous ces nouveaux objets sont extrêmement polluants à la fabrication et durant leurs maintenances. La balance écologique est encore plus négative qu'avant... Pour moi, le vrai développement durable, c'est plutôt des choses simples comme limiter ses consommations, réparer ses appareils usagés, entretenir son véhicule pour qu'il dure le plus longtemps possible, des réflexes plutôt attribués aux adeptes de la "décroissance" et qui ne sont pas bien vues dans une société de consommation à outrance. Je ne suis pas un adepte de la décroissance mais je vois trop de gens autour de moi qui sont persuadés d'être les sauveurs de la planète ... ceux sont les mêmes qui envoient à la casse des voitures de 10 ans/100 000 km pour une toute neuve, changent des chaudières de 5 ans... Certes, ils gagnent quelques sous sur leurs factures énergétiques (encore que, il faut rentabiliser l'achat de la machine à la mode)... mais en tout cas, il n'y a aucun gain pour la pollution de la planète.

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