Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les plantes, ces grandes communicantes

Les végétaux échangent des informations, s’adaptent aux situations de crise, dorment, mémorisent, attirent la pluie… Une source d’émerveillement autant que d’interrogations pour les chercheurs.

Par 

Publié le 24 février 2016 à 11h58, modifié le 29 février 2016 à 18h28

Temps de Lecture 9 min.

Article réservé aux abonnés

La biologie végétale ne cesse d’observer depuis une quinzaine d’années des facultés surprenantes que l’on croyait réservées au monde animal.

Plus de doute, les plantes savent communiquer ! Loin des clichés sur les plantes vertes et passives, la biologie végétale ne cesse d’observer depuis une quinzaine d’années des facultés surprenantes que l’on croyait réservées au monde animal. Elles communiquent entre elles et avec des insectes, « appellent » la pluie, élaborent des stratégies pour combattre des agresseurs, alertent leurs voisines en cas de danger, gardent des événements en mémoire, et, à la grande surprise des chercheurs, sont parcourues de signaux électriques mystérieux.

« Certains aspects sont connus depuis longtemps : les fleurs sentent bon pour attirer les pollinisateurs, les fruits sont colorés et parfumés pour attirer les animaux qui dispersent les graines, rappelle Francis Hallé, botaniste, ancien enseignant à l’université de Montpellier et auteur de Plaidoyer pour l’arbre (Actes sud, 2005). Mais ce qui est intéressant et nouveau, c’est la communication entre les plantes elles-mêmes. »

Le biologiste sud-africain Wouter Van Hoven a montré que des acacias avaient tué près de 3 000 koudous dans les ranchs.

Le premier exemple, et sans doute le plus spectaculaire, fut découvert dans les années 1990, lorsque le biologiste sud-africain Wouter Van Hoven montra que des acacias avaient tué près de 3 000 koudous dans les ranchs ! Les arbres s’étaient mis à produire plus de tanins (molécules au goût amer) pour rendre toxique la digestion des feuilles par ces herbivores trop nombreux qui menaçaient la survie des végétaux. Les branches blessées émettaient alors un gaz volatil, l’éthylène, pour prévenir les autres acacias du danger afin qu’ils enclenchent à leur tour leur système de défense avant même l’arrivée des koudous.

Résistant à l’inflammation

Plus tard, en 2015, des chercheurs ont publié une étude étonnante sur le cas de cyprès qui résistent au feu. Le botaniste espagnol Bernabé Moya avait constaté en 2012 qu’à la suite d’un incendie dans la région de Valence, seuls 12 cyprès méditerranéens sur 946 avaient brûlé, alors que les autres végétaux s’étaient bien moins défendus. Comment l’expliquer ?

Côté plante, on a observé que le cyprès (Cupressus sempervirens) est très résistant à l’inflammation en raison de la consti­tution de ses feuilles : ses « écailles » sont ­capables de retenir l’eau, avec 84 % à 96 % d’humidité, même par temps sec et chaud. Le cyprès met sept fois plus de temps à brûler qu’un pin. Côté sol, les feuilles sèches forment une litière épaisse qui retient l’eau.

En 2012, à la suite d’un incendie dans la région de Valence, seuls 12 cyprès méditerranéens sur 946 avaient brûlé.

Enfin, côté ciel, quand le feu approche et que la température du ­cyprès atteint 60 °C, celui-ci dégage dans l’atmosphère des composés volatils et semble prévenir ses congénères, qui li­bèrent aussi des molécules avant même que leur température n’augmente : « Les feuilles sont composées, outre la cellulose et de la lignine, leurs éléments de structure, d’un mélange organique de résines – composés de terpènes, etc. – qui, lorsqu’il est ­libéré dans l’atmosphère, se transforme en composés organiques volatils », explique Bernabé Moya. En se libérant d’une partie de sa résine inflammable, le cyprès réduit fortement ses risques de brûler.

Il vous reste 74.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.