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Santé

"Il n'y a pas un, mais des effets placebo"

Le Pr Fabrizio Benedetti, professeur de l'université de Turin, en Italie, nous livre les secrets de l'effet d'un placebo, censé être inerte, et qui pourtant varierait selon les individus

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Médicaments

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© LODI FRANCK/SIPA

Article extrait du mensuel de Sciences et Avenir n° 831 (mai 2016) à retrouver en kiosque ou en téléchargement au numéro.

 

Sciences et Avenir : L’effet global d’un médicament est-il toujours la résultante de son action pharmacologique et de son effet psychologique, placebo ?

Pr Fabrizio Benedetti : Absolument ! Tout traitement, pharmacologique ou non, a deux composantes, spécifique et psychologique. Leur poids respectif peut beaucoup varier. Alors que dans certaines situations, la composante spécifique est prédominante, il arrive qu’elle soit absente. Le rapport s’équilibre dans d’autres cas. Ces deux composantes paraissent agir indépendamment l’une de l’autre. Les données de l’IRM fonctionnelle cérébrale semblent indiquer que l’effet des médicaments et celui des attentes opèrent sans qu’il y ait d’interférence. On peut penser que les médicaments d’une part, les attentes des patients d’autre part, produisent des effets additifs en agissant sur différentes régions du cerveau. La recherche doit se poursuivre.

Quelles sont les principales différences entre ces deux substances, inerte pour l’une, active pour l’autre ?

La durée d’action d’un placebo est généralement beaucoup plus courte que celle d’un médicament. On ne connaît pas d’effet placebo qui dure des semaines ou des mois. Par ailleurs, la réponse au placebo est nettement plus variable que celle au médicament. En général, la réponse à un agent pharmacologique est plus constante.

Qu’en est-il de l’ampleur de la réponse placebo ?

Il arrive parfois qu’elle soit aussi importante que celle d’un médicament, voire plus élevée lorsqu’il s’agit de lutter contre la douleur. Exemple : dans le syndrome de l’intestin irritable, la réponse au placebo peut être supérieure à l’effet antalgique d’un médicament. Mais il faut souligner que seule une petite proportion des répondeurs au placebo montre de tels effets. En réalité, lorsque l’on considère la variabilité des réponses, l’ampleur moyenne de la réponse est plus importante pour les médicaments que celles du placebo. Au total, la réponse au placebo, qui varie énormément, dépend de la pathologie, du patient, des circonstances, notamment du contexte psychologique. Aussi n’existe-t-il pas un, mais des effets placebo.

Propos recueillis par Marc Gozlan

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