Pendant des années, les scientifiques ont suivi une grande accumulation de déchets flottants, principalement des morceaux de plastique, dans l’océan Pacifique Nord, appelé Vortex de déchets du Pacifique nord, ou « vortex d’ordures » (GPGP en anglais pour Great Pacific Garbage Patch). Cette zone, selon les dernières recherches, contient beaucoup plus de plastique qu’il ne l’avait été suggéré dans les précédentes enquêtes … et elle continue de grossir.

Le GPGP contient 79 000 tonnes métriques (87 000 tonnes) de plastique, 10 à 16 fois plus que les précédentes estimations, selon de nouvelles recherches publiées cette semaine. De plus, la pollution plastique à l’intérieur du GPGP « augmente de façon exponentielle et à un rythme plus rapide que dans les eaux environnantes », déclarent les chercheurs. Pour les nombreux animaux marins qui habitent cette vaste région océanique, il s’agit d’un épouvantable développement.

Le vortex de déchets est une zone de 1,6 million de kilomètres carrés entre Hawaii et la Californie. Là, les débris flottants, allant de particules microscopiques de plastique à des gros morceaux comme des cordes et des filets de pêche, sont transportés par les courants et s’accumulent. Des zones similaires existent dans d’autres océans.

Les chercheurs ont recueilli des données à partir de relevés aériens et de filets remorqués par des navires et les ont intégrées à un modèle informatique. Ainsi, ils ont estimé qu’il y a environ un kilogramme de plastique par kilomètre carré dans les régions extérieures et que cela atteint plus de 100 kg/km2 près du centre.

A partir de l’étude, modélisation de la concentration de la masse plastique (Ocean Cleanup Foundation)

Les précédentes études ont probablement grandement sous-estimé la masse de plastique parce qu’elles n’étaient pas aussi complètes. Par exemple, ils ont dû se fier à l’observation des flotteurs à partir de bateaux plutôt qu’à des relevés aériens. Mais l’équipe qui a effectué la dernière étude dit qu’il y a aussi eu une augmentation réelle de la masse de plastique.

(The Ocean Cleanup)

Selon Laurent Lebreton, membre de l’équipe de The Ocean Cleanup à Delft, aux Pays-Bas, une organisation qui s’efforce de trouver des moyens d’éliminer le plastique des mers :

Le GPGP se densifie avec le plastique flottant, mais ne s’étend pas en termes de surface.

Une partie de cette augmentation pourrait provenir du tsunami de Tohoku en 2011. Parmi les objets collectés par l’équipe, un tiers portait l’inscription « made in Japan”.

Nous savons encore peu de choses sur la façon dont le plastique affecte la vie océanique, mais il y a de plus en plus de preuves qu’il est nocif pour de nombreuses créatures, y compris pour nous. Les déchets plastiques flottants peuvent être ingérés ou piéger/ enchevêtrer la vie marine et transporter des organismes envahissants à travers les bassins océaniques.

L’autre mystère est l’endroit où se trouve le reste du plastique. 79 000 tonnes, c’est beaucoup, mais d’après les estimations de la quantité de plastique flottant qui est rejetée dans la mer à partir de la terre et rejetée par les navires, le modèle suggère qu’il devrait y avoir des millions de tonnes dans la seule zone de déchets du vortex du Pacifique nord. D’autres études ont abouti à des conclusions similaires.

Dans une étude de 2015, des chercheurs de l’université de Géorgie ont découvert que les humains remplissent les océans d’environ 8 millions de tonnes de plastique chaque année et que cela devrait augmenter de 22% d’ici 2025.

Il se peut que ce plastique manquant coule au fond de l’océan, peut-être après avoir été mangé et excrété, ou qu’il se décompose en morceaux si petits qu’ils ne sont pas détectés ou bien qu’il se dépose sur des îles vierges… Une autre suggestion est que les bactéries de l’océan sont en train de développer la capacité de décomposer le plastique.

L’étude publiée dans Scientific Reports : Evidence that the Great Pacific Garbage Patch is rapidly accumulating plastic.