Bouleversant "Avatar"

Par François-Guillaume Lorrain

Temps de lecture : 5 min

Retrouvez en image le monde somptueux d'Avatar

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Douze ans après Titanic , ­James Cameron donne vie à une épopée en 3D, visuellement somptueuse et puissamment romanesque. S'y joue l'avenir d'une planète, d'un peuple et, peut-être, de l'homme. Rencontre avec un génie.

Il y a onze ans, un cinéaste canadien proclamait lors des Oscars : "Je suis le roi du monde !" Transformant un navire qui coule en Everest doré, James Cameron, avec son Roméo et Juliette transatlantique, avait récolté onze oscars et engrangé 1,8 milliard de dollars de recettes, un record. Pour éviter la chute, il disparut dans les fonds sous-marins, son autre passion avec le cinéma. Depuis 1998, il a guidé ses caméras dans les épaves du vrai Titanic et mené des expériences dans les sources hydrothermales des abysses. "Le résultat a été double, résume-t-il : tester des caméras 3D qui devaient rendre vivantes ces eaux sombres. Découvrir aussi un autre monde, des formes de vie embryonnaires. Je me suis servi de tout cela pour imaginer et filmer la planète Pandora, un paradis avec des filaments phosphorescents et un arbre des âmes." Le tycoon de Hollywood serait-il panthéiste ? "Si j'étais religieux, je serais païen. Je partage avec les païens la vénération des arbres, de la vie et de ses cycles. Je plonge depuis que j'ai 20 ans et j'ai pu constater les dégâts causés par les hommes dans les océans."

Comme ses pilotes bleus d' Avatar , un esprit d'homme dans un corps de Na'vi, Cameron est une sorte d'hybride : cinéaste, explorateur, consultant pour la Nasa, inventeur : "J'avais écrit un premier scénario en 1995, très influencé par mes obsessions d'ado fan de science-fiction. Mais, en 1995, la technologie était préhistorique. Il y a quatre ans, j'ai réécrit le script, que j'ai vendu à la Fox en disant : c'est Pocahontas , Danse avec les loup s et Jurassic Park dans l'espace. " La Fox a fait la grimace : "Les personnages embrassaient un peu trop les arbres. Mais j'ai dit : "C'est à prendre ou à laisser.""

Un film qui véhicule quelques messages écologiques et politiques bien sentis

Pour Cameron, l'histoire du monde se résume à l'histoire de ses ressources convoitées. Dans le cas d' Avatar , on est en 2154, la Terre n'a plus d'énergie et le minerai-miracle est niché sur Pandora, sous les racines de l'arbre-maison géant, divinité protectrice dont les entrailles sont habitées par les Na'vis bleus, elfes aborigènes hauts de 3 mètres et redoutables guerriers. "Ils incarnent la meilleure part de nous-mêmes, un lien intact gardé avec la nature." Cette nature paradisiaque, luminescente, peuplée de créatures fantastiques - loups-vipères, chevaux à six jambes, banshees volantes -, le complexe militaro-­industriel n'a qu'une idée : l'exploiter, quitte à qualifier de "terroristes" ses habitants. Si le chef de guerre américain, le colonel Quaritch, reprend au mot près des propos de Bush, est-ce un hasard ? "Fuck up, George Bush", répond Cameron, qui avoue s'être inspiré de l'Irak, mais aussi de populations gênantes déplacées de force sur notre planète. Avatar est un formidable divertissement, mais il véhicule quelques messages écologiques et politiques bien sentis. Avatar nous fait basculer dans un monde nouveau.

Pour y entrer, on suit les pas de Jake Sully, ex-marine tétraplégique engagé pour la mission scientifique Avatar : on s'endort dans un caisson, l'esprit voyage et se réveille dans le corps d'un Na'vi, double conçu génétiquement. Après chaque "voyage", Jake sort du caisson pour être soumis à un double débriefing : les scientifiques attendent son témoignage ; les militaires l'utilisent comme espion. Le roman d'apprentissage de Jake - comment devenir un Na'vi en trois leçons ? - vire en histoire d'amour avec Neytiri, belle initiatrice aux allures de sylphide. Humain ou Na'vi, il lui faudra choisir. Si le colonel lorgne du côté d' Apocalypse Now , nos deux tourtereaux refont la scène de la proue de Titanic en chevauchant des banshees qui slaloment entre les montagnes volantes. Avatar, quand tu nous tiens... Mais l'histoire, fusion de différents genres, nous tient aussi.

Pour la première fois, une image de synthèse est vivante

Hybrides. La vraie nouveauté est ailleurs. 3D. Motion capture . Images de synthèse. Caméra virtuelle... Le tournage a été un tel laboratoire que Spielberg, Peter Jackson et Ridley Scott sont venus en explorateurs. "Il y a la caméra Fusion 3D que Cameron développe depuis dix ans. Vous êtes immergés comme jamais et en plus vous n'avez plus mal aux yeux", explique le producteur Jon Landau. Exact. Il évoque aussi la caméra virtuelle qui permettait à Cameron, au moment même où il travaillait avec ses acteurs, de les visionner en Avatars ou en Navi's, sous forme d'images de synthèse : plus besoin d'attendre les effets spéciaux. Mais la révolution concerne la conversion même en images de synthèse, cette fameuse motion capture qu'on retrouve dans Le Seigneur des anneaux ou Le Drôle de Noël de Scrooge :"Grâce à un casque muni d'une petite caméra et fixé sur la tête des acteurs, qui jouaient sur une scène vide, il n'y a plus de déperdition : on garde dans l'image l'émotion de l'acteur." Exact, là encore. Pour la première fois, l'image de synthèse est vivante : Neytiri et l'avatar de Jake sont des hybrides très troublants.

La grande réussite, c'est que sur l'écran on ne fait plus la différence entre virtuel, réel et animation. En alchimiste du cinéma, Cameron a créé un type d'image inédit : l'avatar est au coeur même de la forme du film. L'ironie veut que cette débauche technologique soit au service d'un récit écologique : "Le cinéma, conclut Cameron, ce n'est pas, comme dit Godard, la vérité 24 fois par seconde. Mais le mensonge 24 fois par seconde. Tout est fabriqué. Avec une émotion authentique au coeur de l'histoire." Une conception du cinéma qui pourrait lui permettre de redevenir le "roi du monde".

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Commentaires (34)

  • AVATAR Original

    On nous présente un vieux qui s'amuse dans les décors 3D et virtuels depuis plusieurs années qui n'a entre les mains qu'une " Tomb Raider version Lézard " et un scénario digne d'un épisode d'une série animée écrite un dimanche matin.
    Je dis chapeau les effets spéciaux. Mais combien de temps a passé Cameron à s'amuser dans les décors 3D avant de se faire rembourser son jeu vidéo par de gros investisseurs ?
    [...] Avatar de James Cameron n'est pas une oeuvre cinématographique adaptable sur grand écran, c'est un épisode d'une série animée et un jeu vidéo auquel il manque plus de 80 % de l'histoire complète et du personnage.
    Entre un jeune artiste tentant de se faire reconnaître pour son travail et un vieux scénariste proche de la retraite, le film nous dévoile un scénario qui [...] fait preuve d'une forme d'hypocrisie collective ayant le culot de se présenter aux Oscars alors que le public ne sait qu'un dixième de la véritable histoire de "l'avatar" qui s'était enfui du scénario de Cameron il a de cela quatre ans déjà pour se retrouver sur la feuille d'un jeune Français se voulant devenir écrivain. Ce personnage se retrouvant depuis mi 2008 au centre d'une fiction d'anticipation tenue pas une auto-biographie, le personnage est plus une forme de "king, fusion de Alien et prédator", dont l'histoire est si complexe qu'il n'est même pas permis à un vieux comme Cameron d'en tirer les traits. Avatar 2, la suite de Tomb Raider version Lézard ? Mais où est l'originalité ???
    Tomb Raider + Dino crisis = Avatar de James Cameron. [...]

  • foisse

    Pour info le héros n'est ni tétraplégique, ni hémiplégique, mais paraplégique. Et c'est un point fort du film, car cela prouve que malgré son handicap, son cerveau est quand même capable de discernement, entre ce qui est bien et mal. De plus ce film, si l'on se donne la peine de l'analyser prône plus d'une leçon de morale. Je suis tout de même d'accord sur un point, ça brasse énormément d'argent que le réalisateur se doit d'utiliser, pour améliorer la vie de bon nombre de ses concitoyens terriens. En investissent dans des oeuvres humanitaires ou écologistes. Mais de là à dire que Cameron tel que le Titanic sombre, il faut quand même pas pousser. Je ne vous demande pas de partager mon émotion, ça serai contraire à mes idées. Mais, lorsque les militaires abattent l'arbre maison moi ça me révolte et m'indigne profondément. J'irais même plus loin, ça me donne un sentiment de honte de faire partie de l'espèce humaine. Pourquoi ? Simplement parce que Avatar n'est qu'un film certes, mais la déforestation est un fait bien réel, et l'agonie de notre espèce, ainsi qu'un grand nombre d'autres espèces qui nous permet de nous nourrir de respirer, en un mots de vivre n'a qu'un seul responsable. Qui ou devrai-je dire quoi ? La folie de la sur-exploitation, qui sur-pèche ; sur-chasse ; sur-coupe sans se demander combien de temps cela va encore pouvoir durer. Je trouve ça tragique de scier la branche sur laquelle nous somme assis, et de se dire que toute manière c'est comme ça, et qu'on ne pourra rien changer. Ca me pousse à me poser la question suivante, somme nous capables d'aimer, d'apprécier le cadeau que nous a fait la vie ? J'ai nommé "la conscience."

  • Nalye

    Je ne comprends les réactions, bien que je respecte, je trouve néanmoins que ceux qui n'aiment pas du tout c'est parce-qu'en gros, on voit bien le message que James Cameron montre. Ok d'accord, néanmoins si vous en restez là c'est que vous refusez de rentrer dans ce monde inédit. Tout est harmonie dans le monde des Na'vi et cela ne semble pas plaire à certains. Les effets spéciaux sont excellents, on peut pas mieux faire pour créer des choses qui n'existent pas dans notre monde comme ces paysages splendides ! Alors franchement que fallait-il de plus ? Il y avait tout ! Et faudrait aussi savoir ce qu'est la science-fiction avant de critiquer ! Mais on peut toujours ne pas aimer après, comme je le redis, je respecte les opinions.