c***@cegetel.net
2010-02-18 11:15:35 UTC
Entre 1986 et 1988, le gouvernement allemand attribua
à l'université de Munich une dotation de 400.000 deutschmarks
(241.500 euros) afin de déterminer si les sourciers étaient
des farfelus chanceux, des opportuniste crapuleux ou s'ils
recélaient vraiment en eux les secrets d'un pouvoir mystérieux
venu du fond des temps.
Il est intéressant de préciser que les organisateurs des
expérimentations croyaient à la radiesthésie et cherchaient
à la fois à démontrer l'existence du phénomène et à lui trouver
un explication scientifique.
Exit donc l'explication habituelle en cas d'échec des mauvaises
vibrations qui auraient perturbé la sensibilité des magiciens.
Pourquoi l'université de Munich ? Parce que le contexte !
En 1962, le physicien atomiste Yves Rocard avait publié
"Le signal du sourcier" expliquant que la présence d'eau
en profondeur modifiait suffisamment le champ magnétique
terrestre pour que des personnes particulièrement douées
perçoivent ce phénomène. Cela produirait en elles une sorte
de tremblement nerveux inconscient que la baguette de coudrier
ou tout autre objet léger servant d'intermédiaire mettrait
en évidence.
Mais entre 1964 et 1966; le comité Para avait repris
l'expérimentation de Rocard (qui n'aurait pas été le premier
savant roulé dans la farine par des illusionnistes) en utilisant
un protocole plus strict avec un double aveugle du genre
de celui utilisé en pharmacologie pour comparer l'effet d'une
nouvelle molécule et d'un placebo.
Résultat : Nada.
Les sourciers autoproclamés n'obtenaient pas un résultat
positif supérieur aux statistiques de réussite basées sur
le hasard.
Il fallait donc en avoir le coeur net !
On eut donc l'idée de faire circuler sous un faux plancher
un chariot supportant une cuve remplie d'eau.
Les sourciers devaient trouver le bon endroit à l'aide d'une baguette,
d'un pendule ou de tout autre outil de leur choix.
Et comme seule une série statistique peut avoir de sens
pour éliminer l'effet d'un bienheureux ou malencontreux hasard
au début, chaque cobaye volontaire réalisa entre 500
et 1000 essais.
Afin également d'être au plus près de la réalité, on varia
les conditions des essais : dans certains cas, l'eau circulait
dans le tuyau de remplissage de la citerne, dans d'autres cas
la masse était statique.
Tantôt on utilisait de l'eau salée, tantôt de l'eau douce.
Celle-ci contenait parfois du sable, de la terre ou des graviers...
Et tout cela sans plan défini, les configurations étaient choisies
au hasard, pour des durées différentes, souvent modifiées
au cours d'une série, la décision étant prise par des personnes
différentes ne communiquant pas entre elles.
Résultat : Nada.
Deux ans plus tard, l'analyse des 850 séries effectuées
montra que les radiesthésistes obtenaient des résultats
comparables à ceux effectués en double aveugle par des gens
ne possédant pas leur "merveilleux super-pouvoir".
Un bémol vite remis à sa place : on crut un temps
que 6 personnes sur les 43 qui s'étaient prêtées à l'expérience
avaient obtenu un résultat légèrement supérieur à la moyenne.
Mais les statisticiens ne tardèrent pas à démontrer que cela
résultait d'une erreur d'analyse, suite à des distorsions
inintentionnelles. Le hasard dans le hasard.
Ainsi, les meilleurs sourciers étaient ceux qui avaient eu
de l'eau sous leurs pieds plus souvent que les autres !
Trois autres tentatives tentèrent de remettre en cause
l'expérience de Munich.
Peu après celle-ci, Tom Napier du PHACT (Philadelphia Association
for Critical Thinking) réédita le test en modernisant la méthodologie
Désormais les choix laissés au hasard étaient impulsés
par un ordinateur qui, de façon aléatoire, déplaçait la cible
et en modifiait la composition.
Résultats : Nada. Mêmes statistiques de réussite qu'à Munich.
Puis en 1980, pour corser un peu l'affaire, des sceptiques
australiens organisèrent avec James Randi un concours doté
d'un prix de 40.000 dollars.
Fastoche pour le premier surhomme passant dans le coin.
Il lui suffisait, pour empocher la somme, de dire dans quel tuyau
enterré coulait de l'eau, ou de détecter grâce à ses super-pouvoirs
la présence de laiton ou d'or enfoui.
Résultat : Nada. Juste quelques stats en légère discordance
avec Munich, explicables par le petit nombre de tests réalisés.
Surtout beaucoup d'erreurs.
Enfin, en 1989 à Kassel, les Allemands décidèrent de remettre
les couverts.
La célèbre obstination allemande ? En tout cas, grâce
au concours d'une chaîne de télé s'associant à l'université,
on motiva les sourciers avec un prix de 20.000 deutschmarks.
Et un protocole simplissime :
10 boîtes genre tupperwares enterrées, dont 9 vides
et 1 contenant l'eau ou le métal que les X men étaient supposés
détecter grâce à leurs sens acérés.
Celui qui trouvait devait réussir une deuxième fois à la suite.
Pour éliminer l'effet de hasard.
Résultat : toujours nada.
Enfin en 2007 l'observatoire zététique organisa à Argenton
un test s'inspirant des 10 boîtes de Kassel : un échantillon
placé au hasard dans une des 10 boîtes, une autre série
de 10 boîtes toutes vides, et à Supeman de trouver !
Un seul trouva mais fut incapable de recommencer, preuve
qu'il était tombé juste selon les mêmes lois du hasard qui
font qu'on gagne au loto.
En tout cas, il a été surbondamment démontré que Rocard
père s'était planté.
Les échantillons ne vibrent pas. Il n'y a pas non plus
de mauvaises vibrations perturbatrices, puisqu'on a laissé
aux sourcier le loisir de les détecter dans l'environnement
et le pourtour des tests avant de commencer.
Pourtant les résultats obtenus par les sourciers n'ont jamais
été meilleurs que ceux obtenus par hasard
par des personnes dites ordinaires.
Alors pourrez-vous vous demander : comment se fait-il que,
dans la nature (i.e en dehors des labos) des témoignages
de réussite nous parviennent de la part de gens qui ne sont
pas tous des gogos ?
L'explication est assez simple.
Les sourciers sont des gens du cru, très observateurs,
ou qui ont recueilli la sapience empirique des anciens.
Ainsi savent-ils que telle plante a de courtes racines et
pousse là ou l'eau affleure.
Ou que telle autre arbre éventuellement en bosquet,
isolé au sein d'une autre végétation ou d'une zone sèche,
va puiser l'eau en profondeur.
Ou encore, ont-ils observé par les étés caniculaires,
que certaines zones se dessèchent moins vite que d'autres,
parce que la nature du sol retient des poches ou permet à l'eau
de remonter par capillarité. Dès lors, un terrain d'apparence
semblable ou des affleurements géologiques similaires
permettent de déduire des phénomènes identiques.
En tombant juste une fois sur deux.
Après...
Tout le reste n'est que mise en scène.
Pour justifier de leur "pouvoir" et en toucher les dividences.
Sonnants et trébuchants. Mais pas seulement.
Le prestige, et les avantages en nature qui en résultent,
n'étaient pas à négliger dans nos riantes campagnes
où le sourcier était un homme aussi important que le curé
ou le maire. Et parfois aussi craint que le rebouteux.
Car sait-on jamais ce que peuvent faire ces gens dotés
d'un si extraordinaire pouvoir magique ? :-))
--
http://christian.navis.free.fr/
à l'université de Munich une dotation de 400.000 deutschmarks
(241.500 euros) afin de déterminer si les sourciers étaient
des farfelus chanceux, des opportuniste crapuleux ou s'ils
recélaient vraiment en eux les secrets d'un pouvoir mystérieux
venu du fond des temps.
Il est intéressant de préciser que les organisateurs des
expérimentations croyaient à la radiesthésie et cherchaient
à la fois à démontrer l'existence du phénomène et à lui trouver
un explication scientifique.
Exit donc l'explication habituelle en cas d'échec des mauvaises
vibrations qui auraient perturbé la sensibilité des magiciens.
Pourquoi l'université de Munich ? Parce que le contexte !
En 1962, le physicien atomiste Yves Rocard avait publié
"Le signal du sourcier" expliquant que la présence d'eau
en profondeur modifiait suffisamment le champ magnétique
terrestre pour que des personnes particulièrement douées
perçoivent ce phénomène. Cela produirait en elles une sorte
de tremblement nerveux inconscient que la baguette de coudrier
ou tout autre objet léger servant d'intermédiaire mettrait
en évidence.
Mais entre 1964 et 1966; le comité Para avait repris
l'expérimentation de Rocard (qui n'aurait pas été le premier
savant roulé dans la farine par des illusionnistes) en utilisant
un protocole plus strict avec un double aveugle du genre
de celui utilisé en pharmacologie pour comparer l'effet d'une
nouvelle molécule et d'un placebo.
Résultat : Nada.
Les sourciers autoproclamés n'obtenaient pas un résultat
positif supérieur aux statistiques de réussite basées sur
le hasard.
Il fallait donc en avoir le coeur net !
On eut donc l'idée de faire circuler sous un faux plancher
un chariot supportant une cuve remplie d'eau.
Les sourciers devaient trouver le bon endroit à l'aide d'une baguette,
d'un pendule ou de tout autre outil de leur choix.
Et comme seule une série statistique peut avoir de sens
pour éliminer l'effet d'un bienheureux ou malencontreux hasard
au début, chaque cobaye volontaire réalisa entre 500
et 1000 essais.
Afin également d'être au plus près de la réalité, on varia
les conditions des essais : dans certains cas, l'eau circulait
dans le tuyau de remplissage de la citerne, dans d'autres cas
la masse était statique.
Tantôt on utilisait de l'eau salée, tantôt de l'eau douce.
Celle-ci contenait parfois du sable, de la terre ou des graviers...
Et tout cela sans plan défini, les configurations étaient choisies
au hasard, pour des durées différentes, souvent modifiées
au cours d'une série, la décision étant prise par des personnes
différentes ne communiquant pas entre elles.
Résultat : Nada.
Deux ans plus tard, l'analyse des 850 séries effectuées
montra que les radiesthésistes obtenaient des résultats
comparables à ceux effectués en double aveugle par des gens
ne possédant pas leur "merveilleux super-pouvoir".
Un bémol vite remis à sa place : on crut un temps
que 6 personnes sur les 43 qui s'étaient prêtées à l'expérience
avaient obtenu un résultat légèrement supérieur à la moyenne.
Mais les statisticiens ne tardèrent pas à démontrer que cela
résultait d'une erreur d'analyse, suite à des distorsions
inintentionnelles. Le hasard dans le hasard.
Ainsi, les meilleurs sourciers étaient ceux qui avaient eu
de l'eau sous leurs pieds plus souvent que les autres !
Trois autres tentatives tentèrent de remettre en cause
l'expérience de Munich.
Peu après celle-ci, Tom Napier du PHACT (Philadelphia Association
for Critical Thinking) réédita le test en modernisant la méthodologie
Désormais les choix laissés au hasard étaient impulsés
par un ordinateur qui, de façon aléatoire, déplaçait la cible
et en modifiait la composition.
Résultats : Nada. Mêmes statistiques de réussite qu'à Munich.
Puis en 1980, pour corser un peu l'affaire, des sceptiques
australiens organisèrent avec James Randi un concours doté
d'un prix de 40.000 dollars.
Fastoche pour le premier surhomme passant dans le coin.
Il lui suffisait, pour empocher la somme, de dire dans quel tuyau
enterré coulait de l'eau, ou de détecter grâce à ses super-pouvoirs
la présence de laiton ou d'or enfoui.
Résultat : Nada. Juste quelques stats en légère discordance
avec Munich, explicables par le petit nombre de tests réalisés.
Surtout beaucoup d'erreurs.
Enfin, en 1989 à Kassel, les Allemands décidèrent de remettre
les couverts.
La célèbre obstination allemande ? En tout cas, grâce
au concours d'une chaîne de télé s'associant à l'université,
on motiva les sourciers avec un prix de 20.000 deutschmarks.
Et un protocole simplissime :
10 boîtes genre tupperwares enterrées, dont 9 vides
et 1 contenant l'eau ou le métal que les X men étaient supposés
détecter grâce à leurs sens acérés.
Celui qui trouvait devait réussir une deuxième fois à la suite.
Pour éliminer l'effet de hasard.
Résultat : toujours nada.
Enfin en 2007 l'observatoire zététique organisa à Argenton
un test s'inspirant des 10 boîtes de Kassel : un échantillon
placé au hasard dans une des 10 boîtes, une autre série
de 10 boîtes toutes vides, et à Supeman de trouver !
Un seul trouva mais fut incapable de recommencer, preuve
qu'il était tombé juste selon les mêmes lois du hasard qui
font qu'on gagne au loto.
En tout cas, il a été surbondamment démontré que Rocard
père s'était planté.
Les échantillons ne vibrent pas. Il n'y a pas non plus
de mauvaises vibrations perturbatrices, puisqu'on a laissé
aux sourcier le loisir de les détecter dans l'environnement
et le pourtour des tests avant de commencer.
Pourtant les résultats obtenus par les sourciers n'ont jamais
été meilleurs que ceux obtenus par hasard
par des personnes dites ordinaires.
Alors pourrez-vous vous demander : comment se fait-il que,
dans la nature (i.e en dehors des labos) des témoignages
de réussite nous parviennent de la part de gens qui ne sont
pas tous des gogos ?
L'explication est assez simple.
Les sourciers sont des gens du cru, très observateurs,
ou qui ont recueilli la sapience empirique des anciens.
Ainsi savent-ils que telle plante a de courtes racines et
pousse là ou l'eau affleure.
Ou que telle autre arbre éventuellement en bosquet,
isolé au sein d'une autre végétation ou d'une zone sèche,
va puiser l'eau en profondeur.
Ou encore, ont-ils observé par les étés caniculaires,
que certaines zones se dessèchent moins vite que d'autres,
parce que la nature du sol retient des poches ou permet à l'eau
de remonter par capillarité. Dès lors, un terrain d'apparence
semblable ou des affleurements géologiques similaires
permettent de déduire des phénomènes identiques.
En tombant juste une fois sur deux.
Après...
Tout le reste n'est que mise en scène.
Pour justifier de leur "pouvoir" et en toucher les dividences.
Sonnants et trébuchants. Mais pas seulement.
Le prestige, et les avantages en nature qui en résultent,
n'étaient pas à négliger dans nos riantes campagnes
où le sourcier était un homme aussi important que le curé
ou le maire. Et parfois aussi craint que le rebouteux.
Car sait-on jamais ce que peuvent faire ces gens dotés
d'un si extraordinaire pouvoir magique ? :-))
--
http://christian.navis.free.fr/